Quand la force de l'argument ne tient pas la route, on use de l'argument de la force. Jeux de main, jeux de vilain. Oui, la mort a encore frappé, emportant à la fleur de l'âge une enfant de douze ans. Une collégienne est morte samedi au CEM de la cité FLN (ex-Cnet) de Annaba à l'intérieur de l'établissement après avoir été battue par son enseignante. Le ministre de l'Education nationale a annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire pour déterminer les circonstances de la mort de Maroua Boulayoune. L'enseignante a été suspendue de ses fonctions. Deux actions en justice ont été intentées contre l'enseignante impliquée dans cette affaire, la première par les parents de l'élève décédée et la deuxième par Boubekeur Benbouzid, en sa qualité de ministre de l'Education et premier responsable du secteur. En octobre 2008, un professeur, responsable pédagogique à l'université de Mostaganem, a été tué par son étudiant en LMD mathématiques-informatique. En janvier 2008, un jeune collégien est décédé poignardé à la porte du collège, à la cité Bel-Air de Sétif, par un camarade de classe. Par ailleurs, un parent d'élève a été giflé par la directrice d'un établissement du secondaire. La liste des exemples est longue pour les énumérer. Pourtant, la loi est claire. Le châtiment corporel est strictement interdit dans les écoles. La morale civique réprime toute peine répressive à l'encontre des parents ou des éducateurs qui recourent souvent à la violence pour faire régner la loi. C'est devenu une banalité que de le rappeler: il y a aujourd'hui beaucoup de violence, trop de violence à l'école. Or, sans rien nier de toute la violence qu'exercent certains jeunes, il est indispensable cependant de mettre en relief combien même la société, celle des adultes, le système social et scolaire peuvent faire violence aux enfants parce que portant en eux frustrations, désarrois et réactions défensives. Là où sont les causes de cette dérive, on s'en balance! Pour une leçon mal apprise, pour une réplique mal placée, une collégienne est morte. Qui est fautif? Où est la victime? Où est l'assassin? Des vies sont détruites et la faute n'incombera qu'à la société qui engendre des «tueurs», à des parents absents qui n'assurent pas leurs prérogatives parentales et à une école qui n'assume plus son rôle éducatif. Le laxisme social est évident. La télévision, la drogue et les séquelles de la décennie font que tous les acteurs sociaux, parents, enseignants, responsables ou simples citoyens, deviennent des complices passifs et spectateurs de l'éclosion d'une nouvelle souche nihiliste. Les armes blanches se vendent au su et au vu de tous et tout un chacun peut y avoir accès. On parle le plus souvent de la violence dans les stades. Certes, la violence dans les stades est un problème mais ne doit-on pas régler avant, celle régnant dans les établissements scolaires lieux de l'éducation et de la discipline par excellence? La violence dans les écoles était-elle prévisible? Cette violence mythifiée, certes, n'arrive plus cependant à contenir les exaltations de jeunes qui ne se suffisent plus des traditionnelles expressions rituelles (comme celle de crier «Je t'attrape dehors, je te tue» ou comme celle: «Tu te tais ou je te tue.») Mais de là à passer à l'acte...Cette violence n'est pas l'apanage d'une population souvent marginalisée, précarisée, paumée politiquement, facilement récupérable par les courants anarchiques qui se développent dans la société. Nos rues et nos écoles, le temps d'un cours, se transforment en de véritables arènes de combat. On ne sait plus se maîtriser. De l'est à l'ouest, du nord au sud, le phénomène est le même. Il n'est pas l'apanage d'une ville ou d'une région. A qui la faute? Question(s), qui, en dépit de toute volonté, demeurent, pour l'heure, sans réponse. La violence dans les écoles serait-elle en train de se banaliser? Banalisée par le fait du curieux silence de la justice et des responsables à tous les niveaux. En ne condamnant pas sévèrement ces débordements, qui sont les prémices de ce qui se passe aujourd'hui dans nos écoles, on donne l'impression de s'en désintéresser au risque d'encourager cette dérive. Ne dit-on pas, aux mêmes causes les mêmes effets? Ce qui fait que l'on continuera d'en parler au Journal télévisé de 20 heures et la presse d'en faire sa «Une»!