Plusieurs nouveau-nés ont été inscrits à l'état civil sous des prénoms féminins alors qu'ils sont biologiquement de sexe masculin. Hamid ou Hamida? Garçon ou fille? «Plusieurs cas de naissance viennent au monde dans un corps féminin avec, parfois, des parties génitales, masculines et vice versa» a déclaré, le Dr Oulsim, chirurgien au niveau du service de chirurgie infantile du CHU d'Oran. Plusieurs de ces nouveau-nés ont été même inscrits à l'état civil sous des prénoms féminins alors qu'ils sont biologiquement de sexe masculin, a-t-il ajouté. A ce sujet, 180 cas ont été traités au niveau de l'hôpital d'Oran. Le Dr Oulsim, qui s'est intéressé à ce sujet depuis 1989, a été catégorique lors de son intervention. «Les cas de ce genre peuvent s'avérer très nombreux d'autant qu'ils continuent de constituer un tabou au sein de la société algérienne», a-t-il affirmé. L'intervenant qui a brisé, pour la première fois en Algérie, la loi de l'omerta entourant ce sujet, a estimé qu'il est temps de sauter les verrous. En effet, les ambiguïtés sexuelles, ou ce qui est, appelé, à partir de 2006 à l'issue du Congrès international sur les ambiguïtés sexuelles tenu à Lyon, le développement sexuel désordonné, ont été posées avec acuité lors de la rencontre de sensibilisation organisée, jeudi à Oran, par l'Association de la protection et l'assistance aux malades. Pour le conférencier, l'heure de bousculer les consciences a sonné. «Il faut orienter les malades vers les services sanitaires spécialisés pour procéder aux réparations nécessaires», a-t-il recommandé. Sur un autre plan, le diagnostic de ces ambiguïtés bute sur un certain nombre de problèmes, liés principalement aux retards des analyses préopératoires. Ces retards se répercutent négativement sur les procédures à suivre et la prise en charge de ces ambiguïtés. Un sérieux problème est posé, selon le Dr Oulsim. Les raisons sont multiples et variées. À commencer par les lenteurs accusées des analyses hormonales, la difficulté d'établir correctement les analyses cardio-type permettant d'aboutir à la décision finale à prendre quant à la transformation à subir par le corps du malade présentant un développement sexuel désordonné. «Il faudrait attendre de longues années pour avoir en main ces analyses alors qu'en Europe, les maladies orphelines sont devenues une question banale», a-t-il regretté. Selon l'intervenant, la décision finale à prendre est tributaire de ces types d'analyses qui permettent le choix du sexe à donner au malade. A ces difficultés viennent se greffer les tabous devenus des règles inviolables de la société. Ce qui fait que les procédures de réparation peuvent prendre du temps. Aussi, convaincre le patient qui est de corpulence masculine alors qu'il présente une biologie féminine, n'est pas une mission aisée. Le transformer en homme ou en femme est une mission encore plus difficile, a expliqué le chirurgien qui a estimé que le rôle des psychologues est déterminant. De prime abord, ces sujets doivent être orientés vers les services spécialisés avant la troisième année qui suit leur naissance. Selon le conférencier, la célérité de la démarche dès le bas âge du sujet, permet de procéder, dans le temps, à des diagnostics, analyses et transformations à subir. Ce n'est un secret pour personne, les nombreuses interventions qui ont été effectuées dans ce cadre avec réussite. Les parties «déformantes» ont été sectionnées. Le dernier traitement a eu lieu mercredi dernier à Oran alors que le premier patient opéré est un homme, âgé aujourd'hui de 26 ans.