Comment les services de l'APC osent-ils confier la tâche délicate d'établir des documents officiels à des agents « analphabètes » ? On est loin des petites erreurs d'inattention commises par des agents de l'état civil un peu dépassés. Après tout, l'erreur est humaine, disaient, conciliantes, les victimes. Aujourd'hui la situation serait désopilante si elle n'était aussi grave. Des fautes monumentales, inadmissibles, sont relevées au quotidien sur la plupart des documents officiels des citoyens, entre actes de mariage, extraits de naissance, fiches familiales et individuelles, etc. Pour les faire corriger, c'est une authentique galère qui commence pour les concernés, et ces derniers sont légion. Un tour au palais de justice renseigne sur l'ampleur des dégâts. Une dame raconte qu'elle s'est retrouvée « née à Mila, au lieu de Constantine », et « c'est inexplicable, dit-elle, dans la mesure où il n'est mentionné nulle part le nom de cette ville, ce qui aurait pu justifier l'erreur faite par l'agent à la transcription ». Questionné au sujet de sa présence sur les lieux, un homme explique qu'il attend depuis six mois que la date de naissance de son fils soit rectifiée : « Il est né le 17 mai, et on l'a mis le 14. C'est quoi cette légèreté ? J'ai dû faire une lettre au procureur de la République, et depuis, je patiente. » Un autre citoyen était là aussi pour tenter d'arranger son patronyme, qui de Ben…, s'est vu transformer en « Ibn ». Un citoyen a carrément vu son prénom changé ; un autre, de Abdelouahab est devenu Abdelhoueb, une fille, Salima, a vu son nom muer en Salim… Les perles et autres cocasseries de ces nouveaux agents de l'état civil ne se comptent plus. Elles touchent à l'orthographe des noms et patronymes, aux dates, aux lieux de naissance… la confusion entre sexe masculin et féminin a été également relevée. A qui incombe la faute ? Des sources affirment que c'est la commune qui emploie des analphabètes, sous prétexte que ces jeunes travaillent dans le cadre du filet social. Cette inconséquence a pénalisé des milliers de citoyens, et par ricochet le procureur de la République, qui a déjà du pain sur la planche avec les dossiers relevant de ses prérogatives, entre délits et affaires criminelles de tout genre. Ces jeunes, qui opèrent des massacres par ignorance, devraient bénéficier de stages et de cours de maîtrise de la langue nationale, car au train où vont les choses, les préjudices causés à l'état civil ne se compteront plus.