Alors que les cours du pétrole continuent de dégringoler, la facture alimentaire ne cesse d'augmenter. La dépendance alimentaire nationale s'aggrave. La facture s'alourdit. Celle des importations de céréales, de lait et de médicaments a presque doublé totalisant 7,82 milliards de dollars en 2008 contre 4,49 milliards de dollars en 2007, soit une augmentation de près de 75% sur une année, selon le rapport du Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (Cnis). Globalement, tous les prix des produits alimentaires ont pris l'ascenseur. Les cours des céréales et de la poudre de lait ont augmenté à leur plus haut niveau, pesant de plus en plus lourdement sur la facture alimentaire du pays. D'autant plus que les fortes importations de l'Algérie concernent les céréales, le lait et les produits laitiers. Cette augmentation est due principalement à la forte hausse des cours des matières premières, en particulier des céréales, sur les marchés internationaux en 2008, mais surtout à la baisse du dollar par rapport à l'euro, monnaie dans laquelle sont libellés la plupart de nos achats de l'étranger. La facture des céréales, semoules et farines a doublé, passant de 1,98 milliard USD en 2007 à 3,98 mds USD en 2008. Pour le lait et dérivés, la facture s'est élevée à 1,29 milliard de dollars, contre 1,06 milliard de dollars en 2007, soit une hausse de 21,72%. L'Algérie consomme 3,5 milliards de litres de lait par an et n'en produit que 2,2 milliards, dont 250 millions seulement sont collectés et traités par ses industries, selon des chiffres officiels. Heureusement que le lait et le pain sont deux produits de base de l'alimentation en Algérie sans quoi la bourse moyenne aurait connu d'énormes trous. Tandis que les importations de médicaments ont totalisé 1,85 milliard de dollars en 2008 contre 1,44 milliard de dollars en 2007, soit une hausse de 27,86%, les importations totales de l'Algérie ont augmenté de 41,71% en 2008 passant à 39,16 mds de dollars, contre 27,63 mds de dollars en 2007, selon le Cnis. Ce qui place l'Algérie parmi les premiers pays importateurs de produits alimentaires en Afrique et qui traduit la faiblesse du secteur agricole et agroalimentaire. En outre, cette hausse met en exergue la faiblesse des différentes mesures visant à alléger la facture alimentaire. On continue à n'exporter que des hydrocarbures et à importer tout, l'informel prospère toujours, l'agriculture va mal, le tourisme ne décolle pas et les PME-PMI n'ont toujours pas la cote auprès des banques. Pourtant, on ne peut pas dire que les mesures de relance ont fait défaut. L'Etat a déployé d'importants efforts et des sommes d'argent colossales ont été dégagées pour remettre la machine sur les rails. En contrepartie, on continue de suivre l'évolution des prix du pétrole. le président de la République avait tiré la sonnette d'alarme à partir de Ghardaïa en affirmant que «nous sommes face à une crise financière mondiale. Après les années d'opulence, c'est le temps des vaches maigres. L'Etat doit introduire la rigueur dans la gestion des affaires du pays». De ce fait, si les importations continuaient à progresser à leur rythme actuel et que les ventes d'hydrocarbures stagnaient, elles se hisseraient en valeur au niveau des exportations. En outre, une chute des rentrées pétrolières verrait la réduction des investissements au risque de rebuter les potentiels investisseurs étrangers. Ce qui n'est pas pour arranger les choses d'autant que les importations ont explosé de 300% en six ans. Ainsi, la facture risque d'être lourde à porter. Certes, en cette période de crise financière doublée d'une spectaculaire chute des prix du pétrole, les hydrocarbures constituent l'essentiel des recettes en devises de l'économie algérienne. Mais jusqu'à quand? Devant cet état de fait, le Conseil national économique et social a installé hier un comité ad hoc en charge de l'examen de tout le champ problématique lié à la sécurité alimentaire. La sécurité alimentaire «fera l'objet d'une investigation appropriée orientée vers l'action immédiate, comme à moyen et à long termes, selon des lignes stratégiques adressées aux réquisits dessinés par le nouvel espace monde», souligne le Cnes. Enfin une bonne nouvelle, les exportations hors hydrocarbures ont enregistré une hausse de 42,12% en 2008, passant à 1,89 milliard de dollars, contre 1,33 milliards de dollars en 2007, selon le rapport du Cnis.