Le phénomène des harraga vient de mettre à nu «la pénurie d'idées» dont souffrent les membres du gouvernement. Figurez-vous que les têtes pensantes du pays sont en panne d'idées. Elles n'arrivent plus à réfléchir. Il s'agit de ceux qui occupent de hauts postes de l'Etat avec de faibles responsabilités. C'est-à-dire les ministres, pour ne pas dire le gouvernement. Ces derniers ne cessent de lever le drapeau blanc. Ils avouent, à chaque sortie médiatique, qu'ils sont incapables de résoudre les problèmes du pays! Le phénomène des harraga vient de mettre à nu «la pénurie d'idées» dont souffrent les membres du gouvernement. Après plusieurs mois de réunions, de consultations et de conclaves, une armada de ministres vient d'annoncer qu'ils n'arrivent toujours pas à trouver des solutions pour freiner ce phénomène. Le gouvernement, par le biais de Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des Sceaux, vient d'annoncer qu'il n'arrive plus à comprendre les jeunes harraga. «Nous n'arrivons pas à identifier les raisons qui poussent les jeunes à partir ailleurs», a déclaré, avant-hier, M.Belaïz qui répondait aux questions des sénateurs. Pour M.Belaïz, le pronom «nous» signifie le gouvernement. Il le précise clairement. «La Commission interministérielle qui travaille depuis plusieurs mois sur ce dossier n'a pas abouti réellement à cerner les véritables causes qui sont à l'origine de ce phénomène.» N'est-ce pas là le summum de l'incompétence? Le phénomène des harraga nécessite-t-il, réellement, des recherches approfondies en sociologie dans la bibliothèque de Max Weber, d'Emile Durkheim ou d'Ibn Khaldoun pour mieux le comprendre? Certainement pas! Mais il faut bien l'expliquer à nos dirigeants. Reconnaissant leur défaillance en matière d'idées, les représentants de la République demandent à la rue de venir à leur secours. Abdelaziz Belkhadem, ancien chef de gouvernement, représentant personnel du chef de l'Etat, également secrétaire général du FLN, première force politique nationale, le dit mieux: «S'il y a des solutions miracles pour les harraga, nous sommes preneurs.» Même n'ayant pas compris les origines du mal, le gouvernement devrait tenter de comprendre au moins le fléau, à défaut de proposer des remèdes. Or, il serait très difficile de guérir une maladie dont on ignore les causes. Ce qui n'est pas le cas pour ces ministres. Ils n'ont pas trouvé mieux que d'incriminer les jeunes qui tentent de fuir le pays d'une façon illégale. Un projet de loi visant à jeter dans les geôles toute personne qui tente de quitter illégalement le pays, a été adopté par les députés, soi-disant représentants du peuple. Et voilà l'exemple parfait de la défaillance. N'aurait-il pas mieux valu écouter et comprendre pour répondre aux doléances des jeunes harraga? Au lieu d'incriminer les jeunes, ne fallait-il pas s'attaquer aux racines du mal? Et ce n'est pas un miracle qu'on leur demande de réaliser. Il suffit juste de prêter une oreille attentive aux problèmes de la société. Que demandent-ils? Pourquoi fuient-ils? Pourquoi bravent-ils aussi bien les dents de la mer que les grilles des prisons? Faut-il rappeler encore à ces responsables que les jeunes ne demandent que du travail, un logement pour vivre comme tous les autres citoyens des pays riches. Faut-il énumérer, une fois de plus, aux ministres qui avouent leur échec, les problèmes du chômage, du pouvoir d'achat, du logement et des conditions de vie précaires. Est-ce trop demander? Ce n'est pas la mer à boire!