Le phénomène des harraga vient de mettre à nu «la pénurie d'idées» dont souffrent les autorités concernées. Enthousiastes ces amateurs! Pour preuve, les premières représentations de cette 42e édition du Festival national du théâtre amateur de Mostaganem qui mettra en compétition les troupes participantes, répondent au souci de faire évoluer notre théâtre vers davantage de qualité aussi bien sur le plan du texte que sur celui de la forme. Loin d'en faire un simple et plaisant amusement, la troupe Hamid Ben Tayeb d'Iferhounène de la wilaya de Tizi Ouzou mêle à la puissance des sentiments, la brutalité d'une ère emplie de tragédies. Ulac El Harga Ulac est le titre de la pièce écrite et mise en scène par Houche Abderrahmane dont l'interprétation des rôles par une bande de jeunes en l'occurrence, Ben Youcef Nacira, Talbi Zoulikha, Yaâlali Aghilas, Hadj Mouhand Bachir, Rahmouni Ouazine, Yaâlali Idir, Si Hadj Mohand Moncef, Aliche Tinhinane et Hadj Mouhand Hakim. Cette pièce relate le phénomène de l'émigration clandestine qui a pris de l'ampleur ces dernières années, à la recherche de l'eldorado... Figurez-vous que les têtes pensantes du pays sont en panne d'idées. Elles n'arrivent plus à réfléchir. Il s'agit de ceux qui occupent de hauts postes de l'Etat avec de faibles responsabilités. Le phénomène des harraga vient de mettre à nu «la pénurie d'idées» dont souffrent les autorités concernées. Avec les chants, la musique et la danse qui font partie intégrante du spectacle. Le jeu est exécuté avec enthousiasme, et laisse la place aux piques et autres parenthèses. Les costumes sont éclatants et insolites: inspirés de diverses occasions qui définissent chaque situation du cauchemar, dans laquelle chaque spectateur s'est retrouvé: les plus jeunes, les passionnés, les habitués du 4e art et ceux qui étaient là par hasard, peut-être pour la première fois. Ce rêve est revisité par dix comédiens qui en font un feu d'artifice de bonne humeur et de rire. Mais le rire et la malice s'insinuent partout dans la pièce. Ulac El Harga Ulac, pantomime, masques, farce, la mise en scène mêle tous les registres y compris dans les scènes avec chants, du chant insolite pour réaliser une fantaisie déchaînée et divertissante qui n'a pas peur des anachronismes. Ainsi, l'auteur a fouillé dans les histoires du terroir pour ajouter une touche artistique, tels les récits historiques, les légendes, les mythologies et les contes populaires. Il n'existe aucun environnement propice à la démocratie sous le régime des sanctions. Vu l'ignorance qui régnait durant, et la destruction de toutes les valeurs de justice, de liberté et d'égalité, l'acteur principal de la société, qui est l'homme, subit encore... Un sentiment terrible, celui d'être rejeté par tout le monde. «Notre objectif est d´apporter un plus à cet art "Eveil", en le hissant au niveau de toutes les couches sociales et le 4e art doit atteindre et même dépasser les premières attentes de la société, même s'il faut briser les tabous car toutes les définitions et les valeurs ont changé de sens», explique Houche Abderrahmane. Quant à la troupe Ouarcha El Khachaba Adhabia de l'université Djillali-Liabès de Sidi Bel Abbès, il marque sa présence et sa contribution à un tel événement avec la pièce Nafsi...Nafsi, écrite et mise en scène par Bouadjadj Ghalem Elias et dont l'interprétation des rôles est assurée par Draoui Mahdi, Adnane Ouahiba, Bouchentouf Idriss Faïçal Belaâkili Rachid et enfin Chérif Khadidja Sihem. Celle-ci résume une très belle histoire qui correspond à l'actualité. Sentant la mort arriver, un homme, personnalité importante, veut léguer ses biens à son épouse. Comme le malheur ne vient jamais seul, une jeune femme se met de la partie en mettant ce couple dans une situation assez confuse. L'arme à la main, la jeune femme propose qui sera sa victime. Et imaginez la suite... En fait, il semble que les comédiens aient appris par coeur des pans entiers des scénarios issus de nouvelles, de comédies antiques et d'oeuvres littéraires relatant des faits historiques. Négociant avisé, il est cependant mêlé à de médiocres intrigues amoureuses. Dans la dynamique simpliste des scénarios de la commedia dell'arte, où il parle le dialecte vénitien, il ménage un suspense qui fait rire. Soupçonneux qu'ils sont en même temps prudents, parfois naïvement confiants, ils portent des masques..... Vu ces premières représentations, ces amateurs nous promettent du vrai spectacle qui n'a rien à envier à celui des professionnels! La concurrence sera rude!