La campagne s'est achevée hier en Irak à la veille des élections provinciales et quelques heures après l'assassinat de trois candidats et de deux membres de la Commission électorale, qui a fait basculer dans le sang une campagne jusque-là plutôt calme. La campagne a officiellement pris fin hier à 07h00 locales (04h00 GMT), a indiqué la Commission électorale irakienne. Désormais et jusqu'à l'ouverture du scrutin aujourd'hui à 04h00 GMT dans 14 des 18 provinces du pays, les candidats n'ont plus le droit de tenir de réunions ni de faire d'allocutions publiques ou télévisées en rapport avec les élections. «La campagne est terminée et nous avons mis en place des équipes pour nous assurer qu'il n'y a pas de violations» de la loi électorale, a déclaré un membre de la Commission. Quelque 15 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour les premières élections en plus de trois ans. 14.431 candidats concourent pour les 440 sièges en lice dans les conseils provinciaux, instances qui nomment les gouverneurs de provinces et gèrent l'administration locale. Ces élections sont considérées comme un test majeur quant à la capacité des forces irakiennes à maintenir la sécurité, alors que les forces américaines doivent avoir quitté les villes et villages d'ici fin juin 2009, selon l'accord signé en novembre entre Baghdad et Washington. La sécurité a été renforcée dans tout le pays hier et aujourd'hui: couvre-feux nocturnes, interdiction à tout civil de porter une arme, clôture des frontières internationales, provinciales et des aéroports depuis hier 19h00 GMT à demain 02h00 GMT, et restrictions drastiques de circulation de tous les véhicules non autorisés. Jeudi, en quelques heures seulement, trois candidats et deux membres de la Commission électorale ont été assassinés, alors que la campagne était jusque-là remarquablement calme pour l'Irak. A Baghdad, Omar Farouk al-Ani, candidat du Front de la concorde irakienne, a été tué devant sa maison. Le Front de la concorde irakienne est le principal groupe sunnite du Parlement irakien. A Mossoul (365km au nord de Baghdad), Hazem Salem Ahmed, candidat de la liste sunnite «Unité nationale irakienne», 51 ans, a lui aussi été tué devant chez lui. Cette liste apolitique a été initiée par Anouar al-Nidda, conseiller du Premier ministre pour les affaires tribales. Enfin, près de Mandali, à quelques kilomètres de la frontière iranienne, Abbas Farhan al-Joubouri, un candidat de la liste «Réforme et Développement» -coalition de sunnites, de chiites et de Kurdes - et deux membres de la Commission électorale ont été abattus. Les hommes politiques sont des cibles privilégiées d'attentats menés par Al-Qaîda et les insurgés irakiens. Trois candidats avaient déjà été assassinés au cours des dernières semaines, à Al-Mahaouil (80km au sud de Baghdad), Mossoul et Bassorah. Plusieurs candidats et des responsables gouvernementaux ont également fait l'objet de tentatives d'assassinat. A Mossoul, plusieurs partis politiques avaient réclamé fin décembre la protection des autorités et demandé des mesures spéciales de sécurité pour le jour du vote. Ansar al-Islam, un groupe d'insurgés, a déclaré récemment que les élections étaient «une création des infidèles qui n'a rien à voir avec l'Islam». Les résultats des élections seront proclamés à partir du 3 février.