Les pouvoirs publics n'arrivent pas à maîtriser ce différend ethnique, à l'origine des affrontements meurtriers de l'année précédente. Les vieux démons de la violence se réveillent à Berriane. Le bilan de 2 morts, de 28 blessés et 18 habitations et locaux commerciaux incendiés causé par les échauffourées de vendredi, confirme que les affrontements cycliques sont de retour dans la ville de Ghardaïa. Les deux mosquées Al Atiq et Boukhari ont été cette fois-ci l'arène de «combat» où se sont déroulés les affrontements, trois heures durant: de 14 heures jusqu'à 17 heures. Qui a été derrière ces rixes sanglantes? «Ce sont quelques insurgés...», a déclaré hier Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, lors la clôture de la session parlementaire d'automne au Sénat. Une enquête sera entamée prochainement, «pour les identifier», a promis le ministre. La scène de vendredi a été déplorable. Des habitations, des locaux commerciaux... ontété incendiés. Cette ville de 35.000 habitants qui semble assise sur une poudrière, voire un volcan actif, risque malgré l'accalmie survenue après l'intervention des forces de l'ordre, de s'enflammer à la moindre étincelle. Tout le monde se tient le ventre. A tout moment, les violences peuvent reprendre de plus belle. Pourquoi cette scène a eu lieu en ce moment? Et précisément dans cette localité? Par ces deux questions pertinentes, le vieux parti de l'opposition (FFS), pointe du doigt l'incapacité des pouvoirs publics à maîtriser ce différend ethnique qui était à l'origine des affrontements meurtriers de l'année précédente. Les bilans étaient macabres. Des deux communautés, mozabite et chaâmbi, on déplore la perte de vies humaines. Cette «incapacité» nous mène à s'interroger sur ce que ferait le gouvernement si plusieurs localités du pays subissaient un problème identique. La préparation de l'élection présidentielle d'avril prochain semble être le souci majeur, pour le moment, du staff gouvernemental. A ce problème qu'«abrite» Berriane, le gouvernement est appelé, à plus d'un titre, à trouver les solutions idoines. Celles qui peuvent mettre fin à ce genre de situation conflictuelle, sinon c'est le point de non- retour. Les premiers débuts de cette problématique remontent au début des années 1990. Après prés de deux décennies, le gouvernement tarde à prendre les meilleures décisions malgré la gravité du problème. Les tentatives timides prises pour arrêter l'éffusion de sang, sont tombées à l'eau. Suite aux incidents de l'année précédente, le gouvernement a dégagé des enveloppes financières, dépêché des commissions d'enquête comme celle de l'APN qui s'est rendue sur les lieux à l'effet de s'enquérir et de s'informer des motifs des incidents que la ville a enregistrés. Cependant, ce sont les partis politiques à l'instar du RCD, qui étaient les premiers à agir. Où est la présence de l'Etat qui doit assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens? se demande la section fédérale du Front des forces socialistes dans un communiqué parvenu à notre rédaction. Et de répondre que l'intervention tardive des forces de l'ordre a été «la cause principale et directe des incidents survenus le 19 mars 2008.» Quant au parti de Saïd Sadi, il s'agissait de «mesures approximatives», prises par les autorités, qui avaient mené à cette situation. Les dignitaires et notables de Berriane, affligés, appellent, dans un communiqué, les autorités à diligenter une enquête en urgence afin d'étudier et de revoir la carte sécuritaire de la région. L'ampleur qu'ont pris les affrontements répétitifs à Berriane interpellent les pouvoirs publics à entrevoir d'autres solutions. Réunir les sociologues du pays et autres experts, organiser une rencontre nationale sur Berriane...seront parmi les initiatives qui peuvent servir de déclic.