Les citoyens de cette ville sont réellement préoccupés par la tournure que prennent les événements. En quoi la nouvelle APN, issue du scrutin du 30 mai dernier, changera-t-elle le cours des choses en Kabylie? Les citoyens de Bordj Bou-Arréridj ne trouvent pas de réponse à cette question. Ils sont, en effet, nombreux à faire le constat d'échec de la gestion de cette crise sans précédent dans l'histoire de l'Algérie indépendante. Pour Abdellah, retraité, «cette situation imprévue a pris de court le pouvoir» qui, à ses yeux, «a mal géré la situation en dialoguant avec des gens rejetés par le mouvement citoyen en Kabylie». La meilleure solution, selon lui, est que «le nouveau gouvernement reprenne le dialogue en Kabylie, mais avec les vrais représentants de la population cette fois». Si cela ne se produit pas dans les semaines à venir, ce sera le statu quo, conclut-il. Pour cet Algérien de 65 ans, «le mouvement citoyen des ârchs en Kabylie doit renoncer à certaines revendications irréalistes pour ne s'en tenir qu'aux plus légitimes et aux plus sérieuses», soulignant que le Chef du gouvernement, Ali Benflis, «doit, pour sa part, offrir aujourd'hui l'occasion à tous les animateurs du mouvement citoyen et des politiques de dialoguer par des moyens démocratiques pour sortir de cette impasse.» Car, pour notre interlocuteur, le pouvoir est manifestement sur un échec dans cette région du pays, «avec sa tentative de rapprochement avec les dialoguistes «taiwan» au détriment des véritables représentants du mouvement». Dans ce même ordre d'idées, un autre citoyen de Bordj soutient que «Ali Benflis doit absolument réussir dans sa mission de ramener le calme dans la région, en ouvrant les portes et les voies de la discussion pour changer les choses». Et d'ajouter: «Le Chef du gouvernement, pour réussir en Kabylie et triompher dans sa mission, est obligé de donner des gages au mouvement des ârchs et aussi au RCD et au FFS», deux partis politiques qui «ne font guère de mystère des ambitions qu'ils nourrissent à travers leur implication en Kabylie». Boualem, jeune universitaire au chômage, voit mal, désormais, comment l'Algérie pourrait préserver sa stabilité dans tous les secteurs sans la Kabylie. D'après ce jeune, «il est temps de mettre fin à la névrose démentielle qui s'est abattue sur le pays». Il y a, selon lui, de minces chances pour le pays de sortir de cette infernale situation d'instabilité tant que survira le problème de la Kabylie. «Le pouvoir doit revoir sa stratégie à l'égard du mouvement contestataire en Kabylie», insiste-t-il. Un jeune lycéen se dit très préoccupé de ce qui se passe en Kabylie: «On ne doit pas ouvrir la porte à l'éclatement de la Kabylie, sa place est à l'intérieur de la nation algérienne. Le Président de la République doit défendre l'unité nationale et inviter, encore une fois, les comités des ârchs à élire leur représentant pour un nouveau round de dialogue pour garantir la paix civile et politique en Kabylie, seule voie de sortie de cette impasse». En fait, les citoyens de Bordj Bou-Arréridj sont réellement préoccupés par la tournure que prennent les événements à l'ouest de leur wilaya. Ils sont quasi unanimes à interpeller les pouvoirs publics pour qu'une solution démocratique soit trouvée au problème en Kabylie.