A la moindre petite averse, tout le village devient marécage. Le village Azaknoun, situé à moins de 10km au sud de la commune d'Al Adjiba, sombre dans l'anonymat. Cette bourgade de 661 âmes, selon le dernier recensement, figure sur la liste des localités les plus démunies en matière de développement. Beaucoup de chemin reste à faire. Le village est composé de dizaines de maisons implantées au pied de la vallée donnant sur les trois communes limitrophes, Bechloul, Ouled Rached et Al Adjiba. Dans cet écrin de verdure et la tranquillité aidant, on se croirait au paradis. Mais les apparences sont toujours trompeuses. Sur place, on déchante. L'évidence est amère. Le village est en pleine dégradation. Enumérer les manques n'est pas chose aisée tant la liste est longue. Il serait plus judicieux de dire que rien n'existe. Les villageois croient encore aux promesses des autorités. Sur le plan de l'aménagement le constat est loin d'être reluisant. «On a tout fait pour attirer l'attention des autorités locales sur l'état de notre village. On a écrit au président d'APC, au wali, ils nous ont promis de tout prendre en charge. En vain», confie le représentant de l'association socioculturelle «Tag-matt». Et d'exhiber les rapports et requêtes adressés aux responsables locaux. Excepté le chemin communal reliant le chef-lieu de la commune aux bourgades de la partie Sud, en traversant une partie d'Azaknoun, récemment bitumé, les pistes sillonnant le village sont impraticables. Une petite averse et tout devient marécage. Pour rejoindre l'arrêt de bus, surtout en temps de pluie, les habitants sont obligés de s'équiper de bottes. «Nous avons tous des bottes que nous laissons chez un commerçant du coin avant de prendre le bus», dira notre guide. Le projet d'assainissement peine à voir le jour. Le problème des eaux usées persiste en dépit des réclamations des responsables de l'association auprès de la mairie. «Chaque semaine, on se rend chez le président de l'APC, en lui (re)posant les mêmes problèmes, en contrepartie, nous recevons les mêmes réponses», souligne le membre de l'association. D'après ce dernier, le maire est allé plus loin en leur disant: «Vous êtes capables de vous prendre en charge.» Les deux petits ponts, érigés sur les deux rivières traversant le village, menacent de s'effondrer à tout moment. Ils sont toujours submergés par les eaux pluviales. L'eau potable par contre se fait rare au village. Et quand l'eau arrive, le réseau installé, il y a plus de dix ans, n'arrive plus à desservir tout le village. Quant au gaz de ville c'est réservé aux citadins, même si le village est traversé par une canalisation de gaz. Alors, on se chauffe au bois pour ne pas tomber malade. Et dans le cas contraire, les villageois d'Azak-noun se doivent de se déplacer jusqu'à la commune de Bechloul. Le centre de soins local abrite les éléments de la garde communale. Les requêtes adressées pour la réalisation d'un nouveau dispensaire demeurent lettre morte. «Un citoyen a fait, pourtant, don d'un terrain pour la construction d'un nouveau centre de soins mais les responsables locaux tardent à donner une suite favorable», fait savoir le même représentant de l'association. Même les jeunes ne savent plus quoi faire. Aucun terrain de jeux n'est à leur disposition. Pour s'adonner à une partie de football, ils doivent accaparer la route, plutôt la piste. En attendant la moindre amélioration et une réelle prise en charge des préoccupations des villageois, le temps semble suspendre son vol. Et comme premier geste, les habitants d'Azaknoun demandent à l'APC d'installer un panneau au niveau de la RN5 pour indiquer au moins l'existence du village.