L'Algérie, grenier de l'Europe, que des nostalgiques se plaisent souvent à évoquer, n'est plus que chimère. Et pour cause, l'Algérie est classée parmi les dix premiers pays importateurs de céréales. Il en est de même pour d'autres produits tels que le lait en poudre, l'huile, le sucre et le café. Cette situation aurait été meilleure si notre pays arrivait à exporter ce que ses terres produiraient afin d'équilibrer sa balance commerciale agricole. Hélas, notre pays est toujours dangereusement dépendant des marchés internationaux. Les différentes politiques menées depuis l'Indépendance n'ont pas permis d'assurer la sécurité alimentaire. Les crises successives de la pomme de terre, du lait, des céréales...ont démontré que la maîtrise de la production fait encore défaut. Depuis 1962, les politiques agricoles, autant que les gouvernements, se suivent mais ne se ressemblent pas: nationalisation des terres, domaines autogérés, révolution agraire qui, loin de révolutionner l'agriculture, n'ont fait que l'enliser davantage dans le marasme. C'est ce qui ressort, en substance, de la conférence de presse animée hier à Alger par le porte-parole de l'Union nationale des paysans algériens (Unpa), Salah Gayed. Consacrée au sujet de la sécurité alimentaire, l'objectif de cette rencontre est de «retrouver de nouveaux mécanismes pour le développement agricole en partant de l'effacement des dettes des agriculteurs». Pour ce faire, le conférencier propose la création d'un «Rassemblement national des agriculteurs algériens» regroupant des institutions et des cadres relevant du secteur. «Exerçant ses activités sous l'égide du président de la République ou du Premier ministre, l'objectif phare de ce groupement serait d'analyser la situation du secteur agricole ainsi que les préoccupations des agriculteurs», souligne M.Gayed. L'orateur a mis en exergue les différents obstacles entravant la production agricole, à commencer par «la diminution successive des terres agricoles pour le compte de la construction illicite. A cela, s'ajoutent le manque des ressources en eau en raison de la sécheresse d'une part, et le non-traitement des eaux usées, d'autre part.» L'intervenant a soulevé, dans ce sillage, le cas de «la destruction immédiate des déchets au lieu de les transformer en engrais». Sur un autre registre, M.Gayed a indiqué que l'Algérie importe chaque année un nombre important de vaches laitières. «Mais malheureusement, au lieu de les exploiter, on les envoie aux abattoirs pour refaire ensuite la même importation», déplore-t-il. Par ailleurs, le conférencier a soulevé la problématique du monopole exercé par ceux qu'il appelle «les barons de l'agriculture». «Ces derniers sont à l'origine de la hausse des prix. Ils ont même détourné le fonds d'aide aux agriculteurs dans environ 23 wilayas. A ce propos, nous avons interpellé le ministère de tutelle dont nous attendons toujours la réponse mais surtout la solution», a-t-il martelé. Sur un autre registre, le conférencier a relevé «qu'il y'a des centaines d'agriculteurs vivant dans la précarité parce qu'ils n'ont pas pu rembourser leurs dettes. La wilaya de Tizi Ouzou regroupe à elle seule plus de 450 agriculteurs qui sont sous la menace de saisie». Pour rappel, quelque 130.000 agriculteurs à l'échelle nationale, doivent rembourser près de 12 milliards de DA de dettes.