Le premier responsable de la wilaya n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. Pour lutter contre l'habitat précaire, la wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié d'un programme de 1700 logements. Hier, en réunion avec les présidents des APC et des organismes concernés, le wali a donné le coup d'envoi à la réalisation de cette deuxième tranche. La première qui a vu la population bénéficier de 1900 autres logements a été réalisée, non sans difficultés. C'est donc pour cette raison que dans son allocution, le premier responsable de la wilaya n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger certaines pratiques qui ont aidé à la pérennisation de ce fléau. «On se trompe lourdement de croire qu'on peut mettre l'Etat devant le fait accompli», dira-t-il, avant d'ajouter que la lutte sera désormais sans merci. Ainsi, dans l'optique de responsabiliser les élus locaux, il instruira ces derniers de faire cesser les constructions illicites dès le commencement, pour ne pas tomber dans le problème de l'expropriation des familles. En connaissance des problèmes qui ont émaillé la réalisation de la première tranche, le ton, cette fois-ci, est plus menaçant. «Si j'apprends qu'une APC encourage les pratiques anciennes, j'arrêterai le programme même à 50% de réalisation pour faire bénéficier une autre plus disposée au travail», affirmait-il. En effet, avec cette deuxième tranche de 1700 logements, la wilaya de Tizi Ouzou se donne ainsi les moyens d'éradiquer ce phénomène. Il ne restera, après son achèvement, que 208 familles à reloger sur les 3808 recensées. Pour réussir cet objectif, les élus locaux devront, dans une semaine, procéder au choix des terrains. Mais, parmi les plus grands problèmes connus par le passé, celui relatif au foncier est le plus grave. Les communes se sont, à chaque fois, heurtées à l'absence d'assiette. Sur un plan, comme l'avait signalé le premier responsable de la wilaya, les constructions illicites se font au vu et au su des autorités compétentes. Ces pratiques du laisser-faire ont, comme il le dira, encouragé les hors-la-loi au détriment des gens qui respectent les procédures de construction légale. Sur un autre plan, on a failli lors des années précédentes, par manque de vision et d'étude. Aujourd'hui, il est constaté que la totalité des sites d'habitations précaires se concentre sur les abords de la ville de Tizi Ouzou ainsi que sur les 34 communes essentiellement du versant sud de la wilaya. Parmi ces dernières, les communes de Draâ Ben Khedda, Draâ El Mizan, Frikat et Tizi Ghennif sont les plus touchées. Les services concernés ont recensé pas moins de 104 sites de ce genre, construits avec des moyens de fortune comme le parpaing usagé et les matériaux hétéroclites favorisant ainsi l'émergence de nombreux fléaux sociaux comme la délinquance juvénile. Ce phénomène a, par conséquent, été pour beaucoup dans l'insécurité régnante dans la wilaya. Hier, le lancement de la deuxième tranche de logements sociolocatifs a été renforcé par la constitution d'une brigade de suivi qui rendra des comptes simultanément au premier responsable de la wilaya. Elle sera composée de la direction de l'urbanisme, des élus locaux, des chefs de daïra, de l'Opgi et des domaines. Cet arsenal est attendu sur le terrain à partir de la semaine prochaine pour le suivi des opérations de choix des terrains qui devront répondre à des exigences d'efficacité et de qualité. Cette structure s'attaquera, en effet, à l'un des problèmes majeurs de la wilaya surtout quand on sait que quelque 1200 logements sont squattés, sous le regard impassible des autorités.