Après Alger, Hamid Grine a donné rendez-vous à ses lecteurs, jeudi, à la ville des Genêts. Il est très rare de voir la culture, plus particulièrement la littérature, partager quoi que ce soit avec le football. Pourtant, jeudi dernier, la librairie «Cheikh» de Tizi Ouzou a réussi un pari, celui d'organiser une activité purement littéraire (vente-dédicace et débat) et, en même temps, regrouper des sportifs de renommée dont les noms sont devenus de véritables légendes vivantes. En effet, l'invité du jour était l'écrivain Hamid Grine, venu dédicacer son roman Le café de Gide, (Editions Alpha, 2008). La convivialité était assurée dès le départ puisque la librairie «Cheikh» réussit à chaque reprise à instaurer un cadre agréable afin d'offrir, tant aux auteurs invités qu'aux lecteurs, une ambiance idoine. Les premiers lecteurs arrivent et feuillettent quelques ouvrages avant que l'auteur de La dernière prière n'entre accompagné de Omar Cheikh, le gérant inlassable de la librairie la plus ancienne de la ville des Genêts ainsi que du réalisateur de talent, Bachir Derais. L'un des premiers lecteurs à voir son exemplaire dédicacé est Abderrahmane Yefsah (frère du regretté journaliste Smaïl). C'est un lecteur invétéré qui ne rate aucune rencontre avec les écrivains invités à Tizi Ouzou. La séance s'est poursuivie par des échanges d'idées avec des lecteurs très curieux de savoir si Azouz, le personnage principal du roman, n'était pas Hamid Grine lui-même. Et à Hamid Grine de répondre que dans l'ensemble de ses personnages, le lecteur peut retrouver un peu sa personne. Les lecteurs voulaient également savoir si l'auteur avait connu le prix Nobel de littérature André Gide dans la ville de Biskra, d'autres interrogeaient comment un journaliste sportif pouvait finir par se convertir à l'écriture romanesque, un genre qui est souvent l'apanage des journalistes des rubriques culturelles...Le débat était très riche d'autant plus que dans la wilaya de Tizi Ouzou, l'activité culturelle non folklorique est réduite à une peau de chagrin. «A l'époque où j'étais journaliste sportif, je passais plus de temps dans les bibliothèques à lire que dans les stades. C'est la lecture qui m'a poussé à l'écriture. J'ai édité mon premier livre, Belloumi, un footballeur algérien, en 1986. L'ouvrage s'est vendu à 20.000 exemplaires parce que Belloumi était très célèbre et un grand joueur», a confié Hamid Grine. Le modèle de Grine en écriture, reste Gustave Flaubert pour plusieurs raisons. Hamid Grine dit qu'en dépit de sa fonction qui l'occupe énormément, il trouve le temps d'écrire, notamment tard dans la nuit et très tôt, le matin. Actuellement, l'écriture est devenue pour lui un exercice permanent. Il a un recueil de nouvelles et un roman en chantier. Le recueil de nouvelles est intitulé: La femme est un scorpion qu'il est doux de fréquenter. Quant au roman, il s'agit d'un récit sur l'Algérie d'aujourd'hui car, d'après l'écrivain, ses lecteurs lui ont souvent demandé pourquoi il n'écrivait pas sur ce que nous vivons directement. Le moment le plus pathétique de la rencontre a été l'arrivée de Ali Fergani, Kamel Aouis et Mouloud Iboud ainsi que de l'écrivain Mohamed Attaf. Une véritable surprise tant pour Hamid Grine que pour l'ensemble des présents qui ne s'y attendaient point. Alors, les flashs des appareils photo n'ont pas cessé. Et les présents assistaient à une discussion où les souvenirs se bousculaient pour dire et raconter les années de gloire du football algérien comme on se raconterait un beau rêve.