La liste des victimes ne cesse de s'allonger. La profession de professeur de l'enseignement secondaire ou universitaire est associée aux risques nouvellement introduits dans une triste liste d'incessants déboires, découlant de la violence. Vexations, insultes outrages, obscénités et brutalité sauvage sont autant de déconvenues auxquelles ouvre droit le professeur du troisième millénaire. Ce phénomène est le lot quotidien des enseignants. La liste des victimes s'allonge sans cesse. En moins d'une semaine, trois cas d'agressions inédites ont été enregistrés. Trois enseignants, deux du cycle secondaire et le troisième professeur de droit à l'université d'Oran, ont été victimes des agissements inexpliqués de leurs étudiants. Le cas de l'université d'Oran n'est pas encore clos, que deux autres cas viennent s'ajouter à la longue liste des nouveaux aléas du métier. Deux enseignants du lycée Abdelmadjid-Meziane d'Arzew ont été agressés par leurs élèves en fin de semaine dernière. Le premier cas est d'ordre moral. Une enseignante de langue arabe a été accueillie, par ses élèves, par de la lingerie et autres sous-vêtements qui ont été suspendus sur le tableau de la classe. L'enseignante n'a pu résister à de telles vulgarités. Sur-le-champ, elle a dressé un rapport qu'elle a déposé auprès de l'administration de l'établissement. Toujours au niveau du même lycée, un autre enseignant des sciences juridiques a failli être lynché par ses élèves, mercredi après-midi. Comme unique réaction, les enseignants de l'établissement ont observé un simple piquet de grève jeudi matin. Les enseignants qui se sont rassemblés ont dénoncé les actes qu'ils subissent au sein d'un secteur appelé, paradoxe, l'Education nationale. Un autre cas des plus singuliers a eu lieu, dernièrement, au niveau du lycée Lotfi. Une enseignante de langue française a été piégée par ses élèves qui lui ont «improvisé» une chaise cassée. La malheureuse enseignante qui devait prendre place sur son siège a fait une chute spectaculaire lui causant plusieurs hématomes et une fracture au niveau du bassin. La scène a été filmée à l'aide des portables. La vidéo fait florès, ces derniers jours, à Oran. Le mal est toujours présent. La brutalité a gangrené tous les paliers. Les modes des attaques répétées ne sont plus à énumérer. Du secondaire à l'enseignement supérieur, la violence a gagné du terrain. Les victimes ne savent plus à quel saint se vouer. L'insécurité règne en maîtresse des lieux. La peur des représailles explique la loi de l'omerta qui s'installe. Les lycéens agissent à leur guise. Attention à celle ou à celui qui ose braver la loi imposée par des gangs. Combien sont-elles les associations de parents d'élèves? Elles sont nombreuses tandis que les actions pouvant atténuer la violence sont inexistantes. Hormis leur présence dans les réceptions de fin d'année, aucune action de cette nature n'a été entreprise. D'autre part, la famille universitaire ne décolère pas à la suite de l'agression dont a été victime, la semaine dernière, leur collègue. Les professeurs devant se regrouper, hier, ont décidé de reporter leur action pour demain. Elle aura lieu au sein de l'université d'Oran. Dans le sillage de cette action, les enseignants sont plus que décidés à porter haut et fort leurs doléances, pour s'assurer le minimum de sécurité. Pour sa part, le bureau de wilaya du Syndicat autonome des enseignements secondaire et technique (Snapest) se réunira, demain au lycée Pasteur, pour annoncer un mouvement de protestation et de dénonciation.