Sa mise en place ne nuit nullement aux transporteurs privés. Les usagers de la ligne Bab El Oued vers les quartiers de la basilique de Notre-Dame d'Afrique, desservis par le transport privé, sont unanimes pour exprimer leur indifférence quant au relancement du téléphérique reliant cette localité, juchée sur une colline, vers Bologhine, plus bas, sur le littoral. Ce nouveau moyen de transport, moderne, propre et pratique, pour grimper la colline qui surplombe, notamment les quartiers de Bologhine et Bab El Oued, ne semble pas recevoir l'adhésion, du moins pas l'approbation de tout le monde. «C'est trop loin du marché de Bab El Oued et des boutiques du quartier», nous lance une dame chargée de paquets de victuailles achetées justement dans ce marché. L'apostrophant alors qu'elle attendait le transport privé, elle enchaîna: «L'éloignement ne réside pas uniquement ici, au départ, mais aussi à l'arrivée.» Jugez-en vous-même, dit-elle au journaliste de L'Expression, «un passager qui habite Zeghara (deux ou trois kilomètres plus loin que la basilique) et qui emprunte le téléphérique n'est pas gâté. Ni celui, du reste, qui habite plus bas, une marche, souvent harassante est incontournable». Un septuagénaire, abordé sur les mêmes lieux, affiche quelque peu son courroux devant ce manque de «considération» dit-il. «Même les taxis refusent de nous accompagner sur cette route tortueuse qui grimpe en lacets et dont l'état est tout simplement lamentable. Alors comment faire pour une urgence, ou pour transporter un malade?...» s'interroge cet usager d'un air dépité et outré. Intervenant, de son côté, dans ce dialogue, une citoyenne voilée à l'ancienne, trahissant une citadine en mal d'adaptation, regrette les anciens trolley-bus, dotés d'une plate-forme à l'arrière (les CS-60) en forme de «balcon» s'ouvrant sur la belle route qui se déroulait sur quelques kilomètres tout le long du parcours qui relie le côté sud de l'hôpital Maillot à Notre-Dame d'Afrique. Pour les quelques chauffeurs de fourgons assurant cette ligne, l'installation du téléphérique leur importe peu. «Les affaires continuent à marcher. Nous travaillons autant qu'avant, car notre transport est plus adapté aux citoyens qui doivent se déplacer dans différents endroits de la ville.» Cependant, estime l'un d'eux, nous souhaiterions qu'une agence, (un terminus) soit installée dans un espace autre que celui-ci. Nous sommes obligés, aujourd'hui, de parcourir une partie de Bab El Oued à vide pour parvenir jusqu'ici. En effet, grand comme un mouchoir de poche, un terminus a été aménagé et les fourgons sont envahis dès leur arrivée par une nuée de passagers, favorisés hier par un temps clément lors de leur...longue attente.