Combien seront les postulants à la présidentielle prochaine, capables de remplir toutes les conditions requises par la loi? Les 26 postulants à l'élection présidentielle du 9 avril prochain n'ont pas encore déposé leur dossier de candidature. Sept jours après que le Conseil constitutionnel eut fixé, dans un communiqué rendu public le 9 février dernier, au 23 du mois en cours la date limite du dépôt de dossier de candidature, aucun candidat ne s'est encore présenté au siège de cette institution pour déposer son dossier. Un dossier accessible à tout candidat ayant un bon sens de la communication et de la persuasion. Si les 16 pièces administratives exigées par la loi et les 8 conditions définies par le Conseil constitutionnel ne constituent point de problèmes pour les candidats, il n'en demeure pas moins que les 75.000 signatures exigées ne sont pas accessibles et de tout repos pour tout le monde. Pour le moment, seuls deux candidats ont confirmé pouvoir déposer leur dossier au plus tard samedi prochain, c'est-à-dire deux jours avant l'expiration du délai fixé par la loi. Il s'agit de Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA) dont le dossier est ficelé, et de Rachid Bouâziz, Indépendant, dont le dossier souffre, jusqu'à présent, d'un déficit en matière de signatures du moment qu'il n'a pas encore dépassé les 70.000 signatures de citoyens. Même si les candidats, toutes tendances confondues, affirment pouvoir dépasser cet écueil, la réalité est tout autre. Ainsi, derrière la confiance affichée par les prétendants à la magistrature suprême quant à leur «popularité» et leur capacité à mobiliser les citoyens en donnant leur bénédiction (signature), se cache un certain malaise, celui de ne pas pouvoir éviter le qualificatif de «lièvre» qui leur a été «gratifié». Des personnes qui n'ont aucun ancrage, ni politique, ni social, ni même médiatique se targuent de participer à cette élection et, plus grave encore, certains d'entre eux l'ont d'ailleurs avoué, rien que pour participer. Un candidat dont on préfère taire le nom a même reconnu qu'il n'a aucune chance d'y arriver mais quand bien même «je suis un citoyen et je veux y aller», a-t-il dit. Dans les quartiers généraux des candidats, aucun signe n'indique qu'une personne présidentiable y siège. Tout baigne dans une totale morosité. Tout est figé dans un semblant de mouvement qui est loin de refléter toute l'importance d'un rendez-vous qui engage pourtant l'avenir du pays. Au siège du Front national algérien (FNA) dont le président Moussa Touati est le premier candidat à déclarer remplir toutes les conditions de participation, rien ne transparaît que quelque chose d'important se prépare. A part quelques militants et habitués des lieux, le décor ressemble, dans cette vieille rue Tanger à Alger, à une «cathédrale dans le désert» pour reprendre l'expression de Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT). Au siège de ce dernier parti, dans un singulier quartier d'El Harrach, quoique la position finale concernant la participation n'est pas encore arrêtée et le dossier de candidature constitué, les citoyens ne s'y bousculent pas. En effet, les citoyens semblent royalement déconnectés de la chose politique. Leur rêve et leur espoir sont ailleurs que dans un bulletin de vote. Loin des urnes, leurs projets sont en train d'être tissés. Du côté du siège national du Mouvement national de l'espérance (MNE), il y a à peine quelque chose, invisible pour le commun des mortels, qui «prête à spéculation», c'est bien malheureusement le terme, sur l'existence d'un rendez-vous électoral d'une rare importance qui approche. A l'intérieur du siège, situé 42 rue Didouche Mourad, Alger, le président du parti, le Dr Mohamed Hadef, s'affaire à compter les formulaires de signature que ses collaborateurs lui ont fait parvenir des différentes wilayas et à recevoir quelques «connaissances», à lui. Dans les quartiers généraux des autres postulants, rien n'indique le contraire. Combien seront-ils donc les postulants capables de remplir toutes les conditions requises par la loi? Les jours prochains nous le diront.