Au seizième jour de leur grève de la faim, l'état de santé des étudiants de langue et littérature françaises de l'université de Tizi Ouzou a atteint un seuil critique. Tandis que les quatre initiateurs sont assistés par des éléments de la Protection civile, treize de leurs camarades, dont quatre filles, ont entamé leur refus de se nourrir. En effet, regroupés sur des lits dans le bureau du chef de département, les dix-sept étudiants ont tenu à afficher leur détermination à aller jusqu'au bout de leur action. Des visiteurs de tous horizons se succédaient pour exprimer leur inquiétude et leur solidarité face à cette situation qui prend des proportions alarmantes. Dans la matinée, une réunion des délégués de toutes les facultés a eu lieu pour débattre des actions à mener dans les jours qui viennent en vue de dénouer la situation qui perdure. A la fin, les étudiants ont convenu d'une grève générale qui paralysera toute l'université. Des marches et des rassemblements sont également à l'ordre du jour. Dans son lit, le porte-parole des grévistes a exprimé son étonnement quant aux déclarations du chef de département qui qualifiait, rappelons-le, le mouvement de chantage. A ce sujet, l'étudiant n'hésitera pas à défier le responsable en déclarant que si leur action n'était pas légitime, d'autres n'auraient pas rejoint le mouvement. Plus loin encore, il affirmera que le dénigrement trouve son origine dans les malversations qui ont émaillé la gestion des bourses offertes aux étudiants dans le cadre de l'école doctorale. Selon les révélations de l'étudiant, des enseignants à l'âge de la retraite ont bénéficié des 1000 euros de subvention destinée aux étudiants et de voyages en France. Le représentant des étudiants grévistes affirmera qu'il détient des documents mettant en cause, dans ces malversations, les responsables de l'université de Tizi Ouzou. Il s'étonnera d'ailleurs des causes de la suspension de cette initiative alors que les mêmes responsables déplorent le manque d'encadrement en enseignants de qualité. Ce sont, pour le même orateur, ces pratiques liées à un vice de forme qui dérangent plus que le reste des doléances contenues dans la plate-forme de revendications. Sur un autre registre, les étudiants grévistes dénoncent les tentatives de diviser les étudiants. Ils diront, à cet effet, que les responsables sont en train de monter un groupuscule de nos camarades des classes sortantes en brandissant la menace de l'année blanche. Parallèlement à cette manoeuvre qu'ils qualifient de subversive, les grévistes critiquent vivement l'attitude de certains enseignants qui se sont réunis pour soutenir le chef de département. Les étudiants affirment qu'ils ne demandent nullement le départ de ce responsable mais qu'il est juste tenu de rendre des comptes sur sa gestion. Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique est vivement interpellé pour réagir avant qu'un malheur ne se produise.