«Expression Nomade» nous conduit à découvrir l'itinéraire pictural de l'artiste. En effet, l'expo regroupe des oeuvres de périodes différentes. En tout, 41 tableaux, réalisés dans le mode semi-abstrait pour certains et d'autres dans le figuratif représentant des portraits, ornent actuellement les cimaises de la galerie Esma de Riad El-Feth. Malek.Salah a fait des études artistiques à l'école des Beaux-Arts d'Alger. A 22 ans, l'artiste partit en France pour parfaire ses connaissances plastiques et retourna au pays en 81. Depuis, il est sans cesse ballotté entre Paris et Alger. L'artiste a, en outre, pas mal voyagé. Il a, par ailleurs, exposé de nombreuses fois dans différents pays ce qui lui a permis d'améliorer ses techniques picturales et parfaire ses connaissances plastiques. Cela fait 11 ans que Malek Salah n'a pas exposé en Algérie. Vaut mieux tard que jamais. Aussi, dit-il, «j'ai fait cette exposition pour retracer le parcours que j'ai eu en France durant cette dernière décennie. J'ai intitulé mon expo Expression Nomade par rapport aux différents endroits que j'ai visités et les différentes époques que j'ai connues à travers l'histoire de l'art». L'artiste, comme un oiseau migrateur, n'a cessé en effet, à travers ses différentes escales, de plonger dans de nouvelles tendances picturales pour en épouser l'esprit ou la manière de peindre et de créer. Au cours de ses voyages, l'artiste a promené son regard, appris en côtoyant d'autres personnes, d'autres écoles picturales et s'en est nourri. Interpellé par la beauté du geste et du tracé, des teintes et des formes, il s'interrogera sur leur existence, leur poésie et leur philosophie pour les transformer en expressions. «Le vecteur commun, c'est ma perception du monde», avoue l'artiste. Malek Salah a emprunté à un de ses amis français la manière dont il peint l'Afrique. Celle-ci est suggérée à travers deux portraits d'homme que l'artiste en se voulant physionomiste a peint de mémoire. Ces portraits, peints par «à coup» sont «d'une densité et d'une force incroyable», dira une admiratrice du peintre. L'Afrique est aussi mise en exergue à travers l'Egypte, berceau de l'humanité, qui est représentés en filigrane dans Pyramide (I, II et III). Des jarres sublimés, personnifiés, presque, constituent également un témoignage d'une des haltes artistiques, confortant le passé laborieux de l'artiste. «Les grandes jarres remontent à 91», indique Salah. Contemporaine dans son inspiration, la peinture de cet artiste inclut avec harmonie dans ses espaces, hormis des silhouettes humaines, plus précisément masculine en grande partie, des formes géométriques, de losanges et des carrés, mais aussi des chiffres et des lettres arabes. Deux oeuvres, qui traduisent la nouvelle série de travail sur l'identité, que l'artiste a entamée il y a 6 mois sont également exposées. «Je travaille sur la base de photos d'identité», explique-t-il et ce, en empruntant à Kazimir Malevitch, peintre russe, qui a créé une catégorie de l'art abstrait, dénommée Suprématisme, la notion de «manière» dans chacune de ses représentations. «Dans les traditions picturales, j'emprunte aux gens les figures humaines qui sont une constante dans la peinture», souligne l'artiste pour justifier une des particularités de sa peinture. Selon lui, «tout est prétexte dans la peinture, car le sujet de la peinture est la peinture elle-même en même temps», dit-il. «Il y a la singularité de l'artiste qui entre en jeu. C'est-à-dire que ce dernier est obligé d'emprunter et de suivre les éléments constitutifs de sa culture, son histoire et sa mémoire pour peindre. Bref, il apporte un travail sur soi». Un travail original qu'il convient de découvrir. Pour cela, vous avez jusqu'au 4 juillet pour visiter l'expo.