Les chants de Farid Ali sont murmurés par les jeunes et les anciennes générations. Sous le patronage de la ministre de la Culture et sous l'égide du wali de Tizi Ouzou, le comité des activités culturelles et artistiques de la wilaya de Tizi Ouzou, organise un colloque sur la chanson révolutionnaire. La Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, abrite en ces 17, 18 et 19 février ce colloque sur la chanson révolutionnaire et un hommage à feu Farid Ali. Un riche programme est ainsi mis sur pied avec un départ sur la commune natale de Farid Ali pour un dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe du défunt et vers treize heures, c'est l'ouverture officielle de l'hommage qui comporte outre des conférences sur la chanson révolutionnaire, des évocations des chanteurs de la troupe artistique du FLN durant les années de braise et bien entendu une exposition permanente d'objets, de photographies, d'articles de presse autour de ces artistes engagés pour la libération nationale. A l'ouverture officielle et en présence des autorités dont le wali, c'est la veuve de Farid Ali qui a coupé le cordon et lancé ainsi officiellement les festivités. La voix de Farid Ali a porté la révolution et sa chanson phare, composée en une seule nuit A yemma azzizen ur ttru (mère chérie ne pleure pas), a été durant les années de braise la compagne des maquisards et de toutes les familles algériennes. Farid Ali comme on l'a dit, de son vrai nom Khelifi Ali, est né le 09 janvier 1919 à lkhelfounene, dans la commune de Bounouh, daïra de Boghni. Il a étudié quelque temps chez les pères blancs et une fois le certificat d'études en poche, il quitta son village pour gagner son pain et donc débarqua à Alger en 1935, il y exerça le métier de cordonnier. Il fréquenta assidûment les Ali Oudarene et Ahmed Oumeri ces révolutionnaires qui furent surnommés à l'époque par les Français, bandits d'honneur. Dès la fin des années 1940, Farid Ali se retrouva à Paris comme de nombreux Algérienss à l'époque. C'est là que son nationalisme s'affina au contact des noyaux nationalistes dans l'émigration. Mohamed El Jamoussi, et Mohamed El Kamal puis par la suite Amraoui Missoum encouragent Farid Ali dans la voie de la chanson. Il s'engage ainsi dans la chanson et participe à deux récitals organisés par Mohand Saïd Yala à la salle Pleyel à Paris, en compagnie de Mohamed El Jamoussi. Farid Ali, qui gérait un café à Boulogne, noua des amitiés avec le monde artistique mais voilà qu'à la suite d'un attentat organisé en 1951 contre un responsable de l'ORTF, le chanteur fut soupçonné et expulsé de France. Il séjourna tantôt à Bounouh tantôt à Alger et activait au sein du PPA/ MTLD. Plus tard en 1956, il est arrêté à Bounouh et lors de son séjour dans les prisons, notamment à Draâ El Mizan où il connut les pires tortures. Libéré en 1957, il s'engagea dans la lutte libératrice. Durant l'été 1958, et avec d'autres artistes algériens, Farid Ali fit partie de la troupe artistique du FLN, une troupe qui sillonna aussi bien la Libye, la Chine, l'Egypte, le Maroc que la Yougoslavie. A l'Indépendance, Farid Ali rentre au pays, enregistra quatre disques à la maison Phillips, et prend en gérance un restaurant près de la rue Tanger (rue du Coq) à Alger. Farid Ali fit même de la prison en 1964 lors des problèmes politiques connus par le pays. Admis à l'hôpital de Boghni, Farid Ali rendit l'âme le 19 octobre 1981 à l'âge de 62 ans. Le président Chadli le décora à titre posthume le 5 juillet 1987. La poésie révolutionnaire s'est incrustée dans le tissu de la tradition poétique et aujourd'hui encore, les chants de Farid Ali, sont murmurés aussi bien par les jeunes que les moins jeunes.