Farid Ali, un sujet de la mémoire collective. Son chant patriotique et son militantisme avéré ont été emblématiques de l'Algérie combattante. En hommage à l'auteur de l'inoubliable Ayemma sver ur tsru, Farid Ali, un des piliers de la chanson et de la culture algériennes, le comité des activités culturelles et artistiques de la wilaya de Tizi Ouzou, en collaboration avec MAS Production organise sous le haut patronage de Madame la ministre de la Culture et sous l'égide du wali de Tizi Ouzou, un colloque sur la chanson révolutionnaire à la Maison de la culture Mouloud- Mammeri et ce, du 17 au 19 février 2009. Au programme de cette rencontre: une table ronde animée par Abdelkader Bendamèche en présence des membres de la troupe artistique du FLN, et des conférences de M.Abdennour Abdesslem, intitulée «La chanson révolutionnaire kabyle», M.Tchiko Bouhassoun sur le thème de «la chanson révolutionnaire à l'époque coloniale» et enfin, Mme Kherdouci Hassina, présentera sur le thème «la poésie féminine de la guerre de Libération». En outre, est prévue une exposition permanente d'objets, de photographies, d'articles de presse, etc. Ces rencontres auront pour but de débattre et nourrir la réflexion autour de la problématique de l'interaction générée par la chanson révolutionnaire. Tout le monde s'accorde à dire que le chant patriotique, aujourd'hui, est lié à la citoyenneté, car le partage de l'art fait partie de cette dernière. C'est le témoin oculaire et auriculaire privilégié, dans le tragique de l'ironique réalité. Avec toute objectivité, il est le miroir de la société. Il engage ainsi la réflexion à deux niveaux: la cité et le citoyen et le rapport de l'artiste avec son pays et sa société. Pour cette occasion, Farid Ali sera le centre d'intérêt des participants et des curieux qui prendront part à cet événement. Cet hommage rappelle surtout que Farid Ali est un pilier de la culture algérienne. Il est né le 9 janvier 1919 à Ikhelfounen, dans la commune de Bounouh. Après de brèves études chez les pères blancs, études couronnées par l'obtention d'un certificat d'études professionnelles, il quitta son village natal en 1935. Alors que le pays se débattait tous le joug du colonialisme, Farid Ali débarqua à Alger. A la rue Randon, il exerça le métier de cordonnier. En 1937, après la mort de son père, il décida de prendre le chemin d'outre- mer. De café en café, il fut envahi par des idées nationalistes auxquelles il ouvrit son coeur. Dans son café à Boulogne, il se lia d'amitié avec tous les artistes qui venaient chanter leur amour et la nostalgie du pays natal. Soupçonné de travailler en parfaite symbiose avec le FLN (Fédération de France), et suite à un attentat secouant une radio française en1951, la police française engagea des poursuites qui le contraignirent à regagner son village natal. Activement recherché, Farid Ali s'installa à Ikaânanen, un village reculé de Bounouh, lieu où il recevait ses amis Krim Belkacem, L'Hocine Faâdjaben...En 1956, l'armée française l'arrêta à Bounouh. A Draâ El Mizan, il connut la torture. Libéré en 1957, il s'engagea dans la lutte libératrice avant de rejoindre la troupe artistique du FLN avec laquelle il sillonna plusieurs pays: la Tunisie, la Yougoslavie, la Chine...pour plaider la cause algérienne. Après l'Indépendance, Farid Ali connaîtra de nouveau les geôles, cette fois-ci, celles de son pays fraîchement libéré. En effet, en 1964, suite à la crise politique de l'Algérie, il était l'hôte de la prison de Berrouaghia où il composa un poème intitulé Saison morte. En 1967, réparti en France, il se consacra à la chose artistique, notamment la chanson avec le regretté, Amraoui Missoum. Il dénicha et aida bon nombre d'artistes à sortir de l'anonymat. En 1976, il devint l'animateur de l'émission, Chanteurs amateurs, à la Chaîne II. Il participa à la réalisation du film Barrière. Pour des raisons de santé, Farid Ali retourna en France en1977 pour rentrer définitivement en 1978. Admis à l'hôpital de Boghni, le célèbre chanteur Farid Ali rendra l'âme le 19 octobre 1981, à l'âge de 62 ans. Assez connu du milieu artistique et admiré par un grand public, le répertoire du maquisard demeure méconnu au sein de la génération d'aujourd'hui. Avec un parcours riche et difficile à cerner, Farid Ali restera un sujet de la mémoire collective. Son chant patriotique et son militantisme avéré ne sont en réalité qu'un cri arraché d'une âme dévouée à l'Algérie entière.