La gare de Maâtkas est un lieudit sis sur le CW128 menant de Tizi Ouzou à Boghni, qui appartient à la commune de Maâtkas et à la daïra du même nom. Située à environ 30 km du chef-lieu de wilaya, la gare de Maâtkas est un endroit où le train ne sifflera plus. Promis à un destin assez radieux et pouvant même devenir chef-lieu de commune, avant la guerre de Libération, ce lieu était le plus couru de la région, il comptait une agence postale, des commerces, trois cafés, trois huileries, et devait même abriter un marché hebdomadaire fixé en principe pour le mercredi. L'ex-gare de Maâtkas était aussi un refuge sûr pour ceux-là que l'on appelait à l'époque, les bandits d'honneur, en fait des révoltés contre l'ordre colonial, tels Ahmed Oumeri et son adversaire Hocine Adjab. Puis, la guerre éclata et l'endroit devenu, un certain temps, le lieu de rencontre des katibas de la glorieuse ALN, se transforma, petit à petit, en un véritable théâtre d'opérations. En effet, les soldats français cantonnés à Souk El Khemis et aussi à Taourirt firent que l'endroit fut plus tard, au cours de l'année 1956, déclaré zone interdite. A l'Indépendance, les lieux essayèrent de reprendre à la vie mais sans trop de conviction. Aussi, une seule épicerie, une fabrique de carrelage et deux huileries y sont implantées, mais les lieux ne sont plus fréquentés. L'ex-gare de Maâtkas traîne également derrière elle une réputation sulfureuse, surfaite certes, mais réputation tout de même. Ainsi, des gens vous disent qu'à partir d'une certaine heure le soir, les lieux sont «dangereux», oubliant que le poste avancé du Pont Noir, situé à environ 5 km de là, sur le CW128 et avant la ville de Boghni, a sécurisé la région. Par contre, le lieu a fait parler de lui lors de cette grosse colère des populations alentour contre la présence de ces bars clandestins qui s'étaient permis le luxe d'ériger des bâtisses en dur, l'une d'elles étant tout simplement l'ancienne gare de chemin de fer. Ces villageois, qui ont des oliveraies autour de l'ex-gare, étaient en fait dans l'impossibilité de récolter leurs olives et de se rendre à leurs champs en famille. Ces bars clandestins faisaient travailler des femmes de mauvaise vie. Après moult démarches auprès des autorités, notamment locales, les villageois ont vu rouge et ont incendié et saccagé ces bars. Depuis, ces revendeurs d'alcool semblent avoir compris le message. L'ex-gare est donc devenue un endroit, certes calme et silencieux, mais que la vie semble l'avoir déserté. Aujourd'hui, quand les gens passent par là, rares, sont ceux qui osent s'arrêter, et l'ex-gare se meurt doucement.