Il existe des lieux oubliés par l'histoire et par les hommes et qui ont fait le deuil de leur passé. Un lieu comme tant d'autres, vide de gens et anodin pour ceux qui ne connaissent pas l'endroit, c'est l'impression qui se dégage de l'ex-gare des Maâtkas qui, en d'autres temps, a connu une «autre vie». Il existe des lieux oubliés par l'histoire et par les hommes et qui ont fait le deuil de leur passé ! C'est le cas de l'ex-gare des Maâtkas, un lieudit, plus qu'un village qui a pourtant eu ses heures de gloire entre les deux grandes guerres. Quelques maisonnettes, deux huileries, une petite entreprise de parpaings et tirez le rideau, il n'y a plus rien à voir. L'ex-gare de chemin de fer, désaffectée depuis la suppression de la ligne Delly-Boghni, est aujourd'hui transformée sous la houlette d'un «barman» en sorte de «boîte de nuit» qui agresse perpétuellement l'environnement sans s'attirer les foudres des autorités, ce qui laisse les langues se délier et imaginer des tas de choses dont une certaine connexion entre le propriétaire des lieux et des personnes haut placées. Les habitants des villages alentours, et notamment les propriétaires des oliveraies, ont fini par baisser les bras et les olives ne sont plus ramassées. Avec cette ex-gare transformée en bar et boîte d'un genre assez spécial, fleurissent dans les environs d'autres lieux de débauche et les populations s'en étaient d'ailleurs prises à ces lieux en 1999 en tentant de les incendier. La réaction est certes condamnable, car excessive et attentatoire à l'ordre public, cependant, la vérité est qu'il semble qu'il n'y a plus aucun moyen pour faire respecter l'ordre par les propriétaires de ces bars et notamment par le propriétaire de l'ex-gare qui est si proche des habitations que l'on se demande comment les voisins n'ont pas encore violemment réagi. Certes, ce dernier semble faire attention et tout se passe intra-muros. Mais la première question est de savoir comment cette ex-gare qui est censée être un bâtiment public, est ainsi cédée à un tiers et en sus pour en faire un lieu assez louche. Personne ne semble dupe et tout le monde pointe un doigt accusateur sur des responsables du temps du parti unique. Aujourd'hui, à la gare des Maâtkas, on peut, si l'on prend le temps de s'arrêter, goûter à l'huile de ses pressoirs qui est d'un beau jaune ambré et d'un goût fruité à nul autre pareil. L'ex-gare se souvient des temps jadis quand existaient quatre cafés et plusieurs commerces avec une agence postale et aussi les foules de villageois qui s'y rendaient quotidiennement. Aujourd'hui, les lieux sont quasiment déserts et seuls les amateurs des «bars» installés en ces lieux, animent quelque peu l'endroit. Récemment, la commune a enfin pensé à alimenter en eau potable ce lieudit, rendant ainsi un immense service aux familles qui, contre vents et marées, tiennent à demeurer en ces lieux chargés d'histoire. L'ex-gare des Maâtkas est pourtant située à environ 10 km avant d'arriver à Boghni, aussi une station-service, une auberge et des commerces pourraient rendre un peu de vie à ces lieux. Beaucoup de personnes ont essayé de faire revivre l'ex-gare, mais il semble bien que les temps ne sont pas encore venus pour cela. Les habitants croient dur comme fer qu'un geste des responsables locaux pour en faire un lieu de vie sera des plus salvateurs, mais pour l'heure, à l'ex-gare des Maâtkas, le train ne siffle plus depuis des lustres et celui du développement semble l'ignorer.