Le cessez-le-feu provisoire consécutif à l'accord sur la charia dans la vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, pourrait être prolongé de façon «permanente», a affirmé hier un responsable des taliban. Toutefois, l'extension de la trêve dépendra de la mise en oeuvre de cet accord, rendu public le 16 février mais dont l'application fait encore l'objet de négociations, a-t-il averti. «Nous pouvons établir un cessez-le-feu permanent si le gouvernement donne des gages sur ses intentions», a déclaré sur les ondes d'une radio clandestine le maulana Fazlullah, chef des combattants taliban de la vallée de Swat. Il s'exprimait à l'issue d'une rencontre avec le maulana Soofi Muhammad, le leader religieux qui a négocié l'accord avec le gouvernement provincial. Le pacte prévoit l'application de la chari'â en échange d'une paix durable avec les taliban de Swat, qui sèment la terreur dans la vallée, détruisant notamment les écoles accueillant des filles et décapitant ceux qu'ils soupçonnent de coopérer avec les autorités. La mise en oeuvre de cet accord controversé fait cependant toujours l'objet de négociations entre les autorités provinciales et les fondamentalistes. Le cessez-le-feu de 10 jours décrété durant les tractations, expire théoriquement mercredi. «Nous avons déclaré un cessez-le-feu de dix jours juste après la signature de l'accord et vous verrez que la paix prévaudra dans la vallée (de Swat) une fois la chari'â instaurée», a déclaré le porte-parole de Fazlullah, Muslim Khan. «Dans les cinq ou six jours prochains, notre conseil consultatif se réunit et se prononcera sur un cessez-le-feu permanent», a-t-il expliqué. Le gouvernement fédéral d'Islamabad, qui a ordonné à l'armée un cessez-le-feu temporaire, a conditionné la ratification de l'accord à l'établissement d'une «paix durable» dans cette vallée himalayenne autrefois le site touristique le plus prisé du Pakistan. Washington, principal bailleur de fonds d'Islamabad, et l'Otan ont dénoncé constamment ces dernières années des accords similaires sur la chari'â dans les zones tribales situées à la frontière afghane, qui ont tous été rompus.