Les Maghrébins parlent d'union, le moment est, semble-t-il, venu pour les uns et les autres de s'assumer enfin. Un sommet de l'UMA, par les temps qui courent, est devenu, par la force des choses, presque une utopie. Est-ce une hérésie que de dire que l'UMA a, à tout le moins, perdu énormément de temps dans sa construction. Tout pourtant est mis en oeuvre par l'Algérie pour donner à l'UMA de repartir sur le bon pied. Cela d'autant plus que le dossier sahraoui, sur lequel focalise le Maroc, est du ressort du seul Conseil de sécurité de l'ONU. Cependant si la construction du Grand Maghreb est en stand-by, c'est bien dû au refus du Maroc de voir les choses telles qu'elles sont et non comme il voudrait qu'elles soient. La question sahraouie n'est pas de la prérogative de l'Algérie, qui se limite à défendre le principe des peuples colonisés d'accéder au droit à l'autodétermination. Maintenant si le Maroc veut faire de la question sahraouie la pomme de discorde qui empêche l'UMA de se réaliser, il faudra bien qu'il en assume l'entière responsabilité devant l'Histoire. Ainsi, selon la presse tunisoise, d'hier, qui reprend des déclarations du Premier ministre marocain, Abderrahmane El-Youssoufi, en visite en Tunisie, ce week-end, le roi Mohammed VI ne prendra pas part au Sommet d'Alger de l'UMA, justifiant cette absence, indique la presse tunisienne, par «l'attitude surprenante et ferme de nos voisins». Ainsi, El-Youssoufi affirme: «Si Sa Majesté ne peut participer (au sommet, Ndlr) c'est pour des raisons qui relèvent de l'intégrité territoriale (du Maroc)». En mettant constamment en avant le dossier sahraoui, qui relève, soulignons-le, du Conseil de sécurité, ce qu'avait pertinemment rappelé le chef de la diplomatie algérienne, Abdelaziz Belkhadem, lors de sa rencontre avec la presse mercredi dernier, les responsables marocains ne semblent aucunement intéressés, du moins en l'état actuel des choses, par la relance de l'UMA. Cela, d'autant plus que la question sahraouie prise en charge par les instances internationales ne saurait constituer l'obstacle que les Marocains s'acharnent à vouloir dresser sur la route de l'Union. Les activités de cette institution maghrébine sont gelées, rappelle-t-on, depuis maintenant sept longues années du fait de la seule décision de Rabat, de surseoir à sa participation. Cependant, relancer l'UMA est aujourd'hui un impératif pour les peuples de la région et le moins qui puisse être dit est qu'en prenant les devants sur une probable absence du roi du Maroc, le Premier ministre marocain assumera totalement l'échec qui pourrait s'ensuivre quant à la tenue du Sommet maghrébin. Il est sans doute temps que chaque pays du Maghreb assume enfin ses responsabilités dans la non-fiabilité de l'Union du Maghreb arabe. Et le royaume chérifien porte un lourd fardeau quant au marasme qui mine une Union qui n'arrive pas à décoller. Aussi, plus que jamais, les Maghrébins doivent se déterminer par rapport à la construction de l'UMA, tant celle-ci ne peut plus se satisfaire des sautes d'humeur des uns et des autres. Dès lors, la clarification des positions de chaque membre de l'UMA, sur le devenir de l'Union, est maintenant de mise.