La date du sommet et la refondation des institutions et des mécanismes de l'Union ont été au centre des débats. Avec une journée de plus dans le programme des travaux, la 20e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères a pris fin hier matin. Elle s'est achevée par l'adoption d'un communiqué final dans lequel les 5 membres de l'organisation maghrébine ont souligné «la nécessité de la refondation des mécanismes de l'Union». Dans son allocution de clôture, le chef de la diplomatie algérienne, M.Abdelaziz Belkhadem, a réaffirmé l'impératif de convoquer, dans les plus brefs délais, un sommet des chefs d'Etat de l'Union, estimant que les résolutions adoptées sont à même de réformer les institutions de l'UMA pour qu'elles puissent poursuivre leurs actions dans les meilleures conditions. Bien que les travaux de cette session aient été prolongés d'une journée, et en dépit de l'annonce d'un accord de principe pour la tenue, selon M.Belkhadem, d'un sommet de l'UMA dans un «proche avenir», la date exacte pour matérialiser cette rencontre au sommet n'a pas été fixée et reste encore inconnue. Cela veut dire que les tractations pour faire sortir le regroupement maghrébin de son impasse ont été serrées, voire sans possibilité de compromis tant les positions des uns et des autres sont intransigeantes. L'identité des acteurs de ce blocage s'est manifestée surtout à travers les positions du Maroc et de l'Algérie qui sont d'ailleurs le coeur central par lequel l'Union se fera ou ne se fera pas. Si dans les interventions officielles des chefs de la diplomatie des deux pays, la volonté de construire ce tant attendu Maghreb arabe a été largement proclamée par les deux parties au vu des défis qui se posent à elles individuellement ou dans le cadre de l'UMA, dans leurs déclarations aux médias, les deux parties semblent avoir des conceptions tout à fait différentes pour ne pas dire opposées sur plusieurs volets du processus d'intégration de l'ensemble nord-africain. En effet, si pour une fois le Maroc, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a relégué au second plan la question du Sahara occidental toujours aux mains de l'ONU comme problème de décolonisation d'un territoire occupé et semble attendre ce qui en sortira de la prochaine mission dans la région de l'ex-secrétaire d'Etat américain, M.James Baker et représentant spécial pour ce dossier du secrétaire général de l'ONU, cela n'a pas, pour autant, permis de faire évoluer l'UMA dans le sens de la sérénité et des décisions concrètes. Mettant en avant désormais la question de l'ouverture des frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc fermées depuis 1994, presque comme un préalable à toute construction maghrébine viable à ses yeux, et donc à toute ébauche de rencontre au sommet entre les chefs d'Etat des pays de l'Union, Rabat feint d'oublier que cette situation n'est qu'un résultat à son initiative d'instaurer le régime des visas entre les deux pays. De plus ce problème n'a pas émergé dans le cadre ou comme résultante de divergences entre les deux parties au sein de l'UMA, mais bien à l'issue d'une crise dans les relations bilatérales entre les deux parties. C'est pour cela que l'Algérie, qui considère ses rapports avec le Maroc comme très «ordinaires», se dit prête à examiner tous les problèmes ou divergences entre les deux pays dans un cadre strictement bilatéral à travers des commissions spécialisées. En fait, comme n'a cessé de répéter le chef de la diplomatie algérienne, Alger est ouverte à toutes les propositions en ce sens pourvu que l'Union maghrébine se fasse sur des bases solides. C'est pour cela d'ailleurs, que dans le cadre de la refondation des institutions et des mécanismes de l'UMA à laquelle appellent tous les pays membres de celle-ci, l'Algérie ne craint pas de proposer à ses partenaires une révision de certaines clauses du traité de Marrakech de 1989. Il est vrai que quand les échanges commerciaux intra UMA ne représentent que 1% des échanges de ces pays et que sur 37 accords signés dans le cadre de l'espace maghrébin, seuls 6 ont été ratifiés et mis en oeuvre, il y a urgence à revoir les fondations sur lesquelles on veut construire cette Unité maghrébine.