Cet état de fait soulève le problème de la responsabilité collective des pays membres devant l'Histoire. «Le front Polisario reprendra la lutte armée en cas d'échec de l'ONU à parvenir à une solution sur la question du Sahara occidental», a averti M.El Khalil Ould Sidi Mohamed, ministre sahraoui des Territoires occupés et que le Polisario refuse de passer des accords en secret avec le Maroc, mais qu'il est pour une solution «transparente conforme au plan international». Le Maroc, a-t-il dit, est «entièrement responsable» du retard enregistré dans la concrétisation du plan des Nations unies, qui fait l'unanimité à l'échelle internationale et par ricochet de la réalisation du grand Maghreb arabe. C'est dans ce contexte qu'a été célébré, hier, le 15e anniversaire de la proclamation de l'Union maghrébine arabe (UMA). L'espoir de voir le processus d'édification maghrébine redynamisé est devenu par la force des choses utopique au vu des positions diamétralement opposées des Etats composant l'UMA. En effet, au-delà des déclarations de «bonne intention» affichées ici et là pour aller de l'avant dans le processus d'édification de l'UMA, les actes ne suivent pas. Depuis sa création en 1989 à Marrakech, en effet, seuls six sommets ordinaires ont pu avoir lieu. Alors que, le 7e sommet, prévu à Alger les 23 et 24 décembre dernier, a été reporté sine die pour la deuxième fois en moins de deux ans à la suite des divergences entre les Etats membres mais beaucoup plus en raison de l'attitude des dirigeants marocains. Un report que la presse marocaine attribue pourtant à l'Algérie qui soutient la résolution du Conseil de sécurité qui a accordé l'autodétermination au peuple sahraoui en adoptant, le 31 juillet dernier à l'unanimité, le plan Baker. Pourtant le traité de Marrakech est bien clair. Si le traité stipule que toute agression contre l'un des pays membres est considérée comme une agression contre tous les autres Etats membres (Article 14) et que les Etats membres s'engagent à ne tolérer sur leur territoire aucune activité ou mouvement pouvant porter atteinte à la sécurité ou à l'intégrité territoriale d'un Etat membre ou à son système politique (Article 15), force est de constater que le Maroc s'entête dans son attitude hostile à l'intégrité territoriale du Polisario, entravant ainsi tout progrès dans l'édification de cet espace maghrébin tant souhaité par les peuples. Une attitude que le quotidien marocain, Assahra, défend dans son édition d'hier en soutenant que le Maroc ne peut être tenu pour responsable du mauvais bilan de l'UMA, car il n'a fait, dans le conflit territorial du Sahara occidental, que «défendre son droit élémentaire et légitime à recouvrer ses provinces du sud» face à l'Algérie qui soutient les indépendantistes, allusion faite à l'armée sahraouie. Pourtant le même quotidien affirme auparavant que la responsabilité de l'échec du 7e sommet de l'UMA est partagée. «C'est un bilan qui n'honore pas les responsables, les acteurs politiques et les intellectuels, il est source de déception chez les peuples maghrébins», écrit Assahra, pour qui l'UMA reste encore à l'état «virtuel». «Le mauvais bilan de l'UMA soulève le problème de la responsabilité collective des pays membres devant l'Histoire», ajoute Assahra. Apparemment, l'euphorie ayant accompagné les premières années de la proclamation de l'UMA, marquées par la signature de plusieurs accords et conventions, a cédé la place à une morosité qui s'est emparée de l'Union au moment où les autres ensemble, un peu partout dans le monde, se consolident et deviennent de plus en plus imposants.