Nous avons suivi la cérémonie des Césars avec ferveur. Notre Lyès Salem n'a rien obtenu finalement, pourtant nominé dans la catégorie Premier film pour son long métrage Masacarades déjà plusieurs fois récompensé outre-mer. Q'importe! il se rattrapera sans doute, haut la main, au Fespaco, Festival africain de Ouagadougou qui a ouvert ses portes hier soir, et s'étalera jusqu'au 8 mars prochain. Séraphine de Martin Provost est sorti grand vainqueur de la 34e soirée des Césars, au théâtre du Châtelet à Paris, remportant sept Césars dont ceux du meilleur film et de la meilleure actrice, décerné à Yolande Moreau. Mesrine, qui partait favori avec 10 nominations, est reparti avec trois Césars: celui du meilleur réalisateur pour Jean-François Richet, du meilleur acteur pour Vincent Cassel et du meilleur son. Vincent Cassel, très ému, a pourtant bien prévu des images de son père, Jean-Pierre Cassel en train de danser, en criant haut et fort: «Voilà d'où je viens!» Séraphine a reçu sept statuettes, récompensé aussi pour son scénario original, sa musique, sa photo, ses décors et ses costumes. Yolande Moreau, qui a reçu son 2e César de la meilleure actrice, quatre ans après celui pour Quand la mer monte, incarne avec force une femme de la campagne un peu illuminée, employée comme domestique au début du XXe siècle, avant d'atteindre une brève notoriété comme peintre primitif. Le film Le premier jour du reste de ta vie est reparti avec trois récompenses: meilleurs espoirs féminin et masculin pour Déborrah François et Marc-Antoine Gondrin ainsi que le meilleur montage.Le César du meilleur film étranger est revenu à Valse avec Bachir de l'Israélien Ari Folman, qui met en images d'animation, dans un documentaire original et autobiographique, la première guerre au Liban. «Son message n'est autre que la paix», a dit le réalisateur. La soirée a eu ses moments d'émotion comme le rappel de tous les artisans français décédés cette année mais aussi l'hommage appuyé au producteur, réalisateur et acteur, Claude Berri, décédé en janvier dernier, mais aussi d'humour avec, notamment Carole Bouquet, irrésistible dans une parodie de publicité en faveur d'un produit pour appareils dentaires. Pourtant pas nominé, Danny Boon, l'homme qui a fait faire entrer plus d'argent au cinéma français cette année, grâce à son film Bienvenue chez les Ch'ties, était là finalement, portant un jogging orangé. «Je regardais tranquillement les Césars à la maison et j'ai voulu faire un tour. Je n'ai pas eu le temps de me changer, de toute façon, on m'a dit que les comédies n'ont jamais de Césars!», a t-il dit avec ironie. L'humoriste Elie Semoun s'est déguisé en Tootsie, confondant de ressemblance avec Dustin Hoffman, à qui un hommage a été rendu pour sa carrière. Un artiste au long cours et un peu gauche qui avouera ne pas savoir saluer quand tous les yeux sont braqués sur lui. Il exhortera les présents mais aussi tous les gens «à donner vie au cadavre qui gît en vous», autrement, être soi-même en laissant libre cours à nos envies et désirs..