«Les Américains sont très mal placés pour nous donner des leçons sur les droits de l'homme», a déclaré le Premier ministre. Ahmed Ouyahia, Premier ministre, et Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, ont réagi à la mesure du contenu du dernier rapport du département d'Etat américain, un document qui n'a pas été tendre avec l'Algérie dans le domaine des droits de l'Homme. Les deux responsables algériens n'ont pas manqué de répliquer à l'endroit des Américains qui «ont bien des choses à se reprocher, particulièrement dans ce sujet précis». Commentant ce rapport, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a formellement démenti les accusations contenues dans le document, avant de conseiller aux Américains «de balayer devant leur porte». Dans son dernier rapport sur l'Algérie, le département d'Etat US a été très critique envers la situation des droits de l'homme en Algérie. S'exprimant sous la double casquette de Premier ministre et de secrétaire général du RND, M.Ouyahia a eu des propos fermes sur cette question lors de son passage à l'émission Forum de l'Entv diffusée durant la nuit d'avant-hier. «Les Américains sont très mal placés pour nous donner des leçons sur les droits de l'homme», a indiqué le Premier ministre faisant probablement allusion au lourd passif dans le bagne de Guantanamo, aux dépassements de l'armée américaine dans la prison irakienne d'Abou Ghreib et au silence de ce même département d'Etat face aux massacres commis par l'armée israélienne à Ghaza. Intervenant lors de la même émission sur l'affaire du diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni, Ahmed Ouyahia a indiqué que «M.Hasseni a décidé de rester en France et ce jusqu'à ce que la justice française rétablisse cette injustice et le lave de toute accusation». Le secrétaire général du RND n'a pas caché sa déception sur le comportement de la justice française. «C'est parce qu'un juge a décidé d'appliquer la loi de "Taghenant" au pays des droits de l'homme que cette affaire a ainsi traîné. Un comportement regrettable», a déclaré le Premier ministre regrettant une pareille tournure des événements qui ont causé un préjudice moral au diplomate algérien car «si une pareille affaire s'était déroulée avec un diplomate européen, les choses se seraient réglées en quelques heures». En dépit de cela, ajoute M.Ouyahia, «l'Algérie a agi avec beaucoup de sagesse et usant surtout de contacts dioptriques pour régler cette affaire». «L'Algérie n'a pas voulu faire de tapage médiatique, elle a préféré la retenue.» A propos du traitement médiatique, justement, M.Ouyahia a indiqué que ce sont «des plumes algériennes qui se sont attaquées à l'Algérie». Revenant sur la prochaine élection présidentielle, le patron du RND n'a pas voulu faire de spéculations quant au taux de participation ou le taux avec lequel sera élu le candidat Abdelaziz Bouteflika que son parti soutient. En revanche, il a soutenu que que l'appel au boycott de cette élection est un signe de «mépris à l'égard du peuple qui reste souverain dans sa décision». Pour lui, ceux qui appellent au boycott «cherchent à déstabiliser le pays», rappelant que certaines parties avaient appelé au boycott au moment où «le pays était en pleine crise», à l'image des appels au boycott de la présidentielle de 1995 et celle de 2004. Les partisans du boycott justifient leur position par le fait qu'ils contestent la révision de la Constitution, a ajouté M.Ouyahia, bien que celle-ci s'est opérée dans «le respect du texte de la Constitution même». Le Premier ministre n'a pas omis le volet social dans la même émission en réservant un large commentaire au dossier du logement dans lequel «il y a beaucoup de bricolage». M.Ouyahia a estimé que si malgré la réalisation de 825.000 logements au 31 décembre 2008 la demande «est toujours aussi importante», c'est à cause du «bricolage» dans la distribution. «L'Algérie n'a pas construit autant de logements même quand le baril était à 44 dollars, ce qui représentait plus de 150 dollars de maintenant», a-t-il relevé ajoutant qu'«avant le 31 mars le pays construira 950.000 logements». Ouyahia a aussi démenti formellement l'information selon laquelle il y a un million de logements vides en Algérie. «Je démens le plus officiellement du monde le chiffre de 1 million de logements vides, c'est une fabulation.»