Parmi les assassins présumés, il ne reste qu'un seul survivant, toujours actif dans les maquis. Il s'agit de Nacer Medhmoun. Malek Medjnoun, l'un des assassins présumés de Lounès Matoub, observe une grève de la faim depuis dix jours. Selon le frère de Malek Medjnoun, cette action de grève est intervenue comme dernier recours parce que depuis son arrestation en mai 2000, Medjnoun n'a pas encore été jugé. Il est considéré comme étant en détention provisoire. Il est pratiquement dans la même situation que Abdelhakim Chenoui, lui aussi cité dans la même affaire dont les faits remontent au 25 juin 1998. Les noms de ces deux personnes ont été cités dans une liste contenant une quinzaine d'autres que les services de sécurité avaient présentés comme constituant le groupe qui a fomenté et exécuté l'assassinat du chanteur kabyle le plus populaire au lieudit Tala Bounane, sur la route reliant Beni Douala à Tizi Ouzou. Dans le programme de la session criminelle du tribunal de Tizi Ouzou, à chaque fois que le procès d'une de ces personnes est programmé, il n'est jamais fait allusion, ni au nom de Matoub ni à l'affaire de son assassinat. Il est plutôt indiqué dans le rôle: «Implication dans des attentats terroristes et adhésion à groupes armés». La dernière fois que le procès de Abdelhakim Chenoui et de Malek Medjnoun avait été programmé, c'était en juillet 2008. Ce jour, étaient présents dans la salle, comme d'habitude, la mère et la soeur du Rebelle. Pour la première fois, Nadia, la veuve de l'artiste, avait effectué le déplacement à partir de France, où elle réside depuis l'assassinat de son mari, par peur de représailles. Comme à chaque fois, après quelque prise de parole, le président de la séance avait annoncé que l'affaire est renvoyée pour la énième fois. Mais cette fois-ci, avec un élément nouveau qui a permis le retour de l'espoir de connaître la vérité sur l'un des assassinats les plus mystérieux dans l'histoire de l'Algérie indépendante. En effet, les doléances formulées par Malika, la soeur du chanteur, avaient été retenues. La plus importante étant la convocation de cinquante témoins qui, d'après Malika, «ont des choses importantes à dire sur cet assassinat». Le jury a également accepté la demande de la soeur de Matoub concernant un complément d'enquête avec, notamment l'établissement d'une étude balistique et une reconstitution des faits. L'engouement suscité par ces mesures s'est vite estompé. Six mois plus tard, c'est toujours le statu quo. Toutefois, des sources dignes de foi nous ont indiqué, hier, que suite au déclenchement de la grève de la faim par Malek Medjnoun, le procureur de Tizi Ouzou a pris attache avec le concerné et lui aurait demandé de suspendre sa grève car, ajoute notre source, la procédure de complément d'enquête aurait été enclenchée il y a exactement quinze jours. Rappelons que la soeur et la mère de Matoub représentent la partie civile dans l'affaire de l'assassinat. Depuis plus de dix ans, elles ne cessent de réclamer une enquête sérieuse qui pourrait faire la lumière, toute la lumière sur cet assassinat. Elles ne cessent aussi de dénoncer le fait que cette affaire est régulièrement manipulée pour des questions de règlements de compte. Selon les services de sécurité de Tizi Ouzou, de tous les terroristes impliqués dans l'assassinat de Matoub, il ne reste qu'un seul survivant, toujours actif dans les maquis. Il s'agit, selon la même source, de Nacer Medhmoun.