«Merci à Rachid Bouchareb et à l'Algérie», nous a déclaré l'acteur Sotigui Kouyaté, distingué au Festival de Berlin, pour son rôle dans le film, London River. Quarante degrés, beaucoup de poussière et une nuée de moustiques, c'est clair, nous sommes d'emblée dépaysés. La 21e édition du Festival panafricain du film de Ouagadougou nous a accueillis dans une ambiance que l'on qualifierait de «déroutante». Notre baptême du feu à ce festival légendaire est marqué du sceau de la surprise. Le festival est fidèle à sa réputation. Bouillonnant de monde et de projections. Présente avec deux courts métrages en compétition, l'Algérie s'est distinguée en début de semaine avec Sektou de Khaled Benaïssa et C'est dimanche de Samir Gasmi. L'un évoquant la période noire du terrorisme sous une forme éclatée, et l'autre, l'histoire touchante d'un jeune garçon qui a caché à son père ses mauvais résultats à l'école jusqu'au moment fatidique. Un court métrage plein de tendresse. Mardi, l'Algérie était aussi à l'honneur avec le film à succès et aux nombreuses récompenses, la comédie Mascarades de Lyès Salem. Bien accueilli par les Burkinabais, gageons que ce film aura la distinction qu'il mérite. Un autre long métrage concourt pour l'Etalon d'Or de Yannenga, La Maison jaune d'Amor Hakkar. L'après-midi du mardi, la délégation algérienne, représentée par la chargée de cabinet auprès de la ministre de la Culture, Zehira Yahi et Ahmed Bejaoui, déroulé pour la presse burkinabée, notamment le programme de la seconde édition du Festival panafricain qui se déroulera à Alger du 5 au 20 juillet. Un programme qui contient, entre autres, sur le plan cinéma, la production d'une douzaine de courts métrages de 5 minutes confiés à de grands cinéastes, renommés, sur le thème de l'Afrique et le soutien à 4 longs métrages en coproduction entre les pays africains, deux coproductions algéro-sud-africaines consacrées aux mouvements de libération, et la restauration du film de William Klein, réalisé, en 1969. «Nous attendons que les artistes donnent une vision de l'Afrique différente de celle de 1969, une Afrique qui se prend en charge, où il y a le produit culturel protégé, avec sa spécifité. Un produit que toute la communauté africaine, intérieure au niveau des Etats, des villages, des plus petits aux plus grands, doit protéger afin que la culture puisse s'épanouir et servir de moteur de développement. Nous sommes dans la logique de marché mais qu'on ne vienne pas nous écraser.» Voilà le message transmis par Ahmed Bejaoui. Pour sa part, Zehira Yahia insistera sur le fait que le Panaf n'est pas le Fespaco dans le sens où les films qui seront projetés n'auront pas de prix. «Pas de compétition, mais c'est une tribune ouverte à tous les questionnements du cinéma africain aujourd'hui.» S'agissant des films algériens en compétition au Fespaco, Zehira Yahi dira être fière des 6 films algériens. «C'est une fierté, car le Fespaco est une consécration. J'en profite pour dire bonne chance à tous nos réalisateurs. J'espère que l'un d'entre eux obtiendra l'Etalon d'Or de Yannenga, à l'image d'Ibrahim Tsaki.» Elle nous annoncera, par ailleurs, la signature d'accord de coopération avec l'Afrique du Sud à l'occasion du Festival panafricain. Parmi les invités de prestige qu'a accueillis le Fespaco, nous avons remarqué le grand acteur de cinéma et comédien malien et burkinabé, Sotigui Kouyaté, qui s'est déjà distingué dans le film de Rachid Bouchareb, Litlle Senégal, récemment récompensé pour son rôle dans le dernier film du réalisateur algérien, London River en recevant à Berlin, l'Ours d'Argent du meilleur acteur. «Ma mère m'a dit si tu montes sur une toiture, tu ramasses du goudron. Avant de dire merci à la toiture, dis merci au trou qu'on a creusé. Donc merci à Rachid Bouchareb, merci à l'Algérie.». Aussi, l'autre figure à laquelle on a rendu hommage, en présence de son fils, est Alain, le célèbre cinéaste décédé le 9 juin 2007. Plusieurs manifestations ont été initiées en son honneur. Parmi elles, l'attribution à une avenue du nom de Sembene Ousmane. Ainsi, Ouagadougou vit depuis le 28 février dernier et ce jusqu'au 7 mars prochain, au rythme du cinéma africain, entre colloques, projections dans différentes salles de cinéma et soirées musicales, à la place de la Nation. Un programme très riche, étalé dans cette ville «des hommes intègres».