Le candidat d'El Islah est appelé à relever le défi de la représentation islamiste dans le champ politique national. Si le prochain scrutin présidentiel ne représente pas d'enjeux pour les partis dits démocrates, ce n'est pas le cas pour la mouvance islamiste. Le rendez-vous électoral du 9 avril, s'il permet à Djahid Younsi de prendre date, représente en effet un défi pour la mouvance islamiste à la recherche d'un second souffle. L'enjeu pour M.Younsi n'est pas tant d'être élu à la magistrature suprême du pays, que de réintégrer les islamistes dans l'équation de la politique nationale. Ainsi, M.Younsi, cherchera-t-il à devenir la (nouvelle) locomotive des partis islamistes en Algérie. Le pari paraît difficile. Ce n'est pas une mince affaire. Cela pour plusieurs raisons. A commencer par la désillusion constatée ces derniers temps dans les rangs des islamistes. Les résultats électoraux enregistrés par les différents partis de cette mouvance font état d'un net recul des représentants islamistes sur le terrain. La rupture des islamistes avec leurs électeurs est flagrante. Pour illustrer ce fait, il suffit juste de se référer aux participations des formations islamistes aux dernières élections tenues dans le pays. Lors de la présidentielle de 1995, conduits par feu Mahfoud Nahnah les islamistes ont réussi à se placer en seconde position, réalisant un score qui tournait autour de 20% des suffrages. Après l'intégration du MSP à l'Alliance présidentielle, une sorte de vide s'est créé, comblée par un Saâd Abdallah Djaballah qui s'est vite imposé comme possible alternative, donnant une visibilité aux deux partis islamistes qu'il fonda respectivement, En Nahda et El Islah. Saâd Abdallah Djaballah, tour à tour président de ces deux formations, a en effet donné de sérieux espoirs à ses nombreux partisans. Il faut effectivement prendre en compte la remarquable perfor-mance qu'il avait réalisée lors des élections législatives de 2002, alors qu'il était à la tête d'En Nahda, arrachant pas moins de 43 sièges. Après «le retrait» assez controversé de M.Djaballah, l'inquiétude s'est installée chez les partisans de ce courant. En fait, les islamistes manquaient cruellement de personnalités fortes, induisant une chute assez remarquable de leur électorat national. Les résultats enregistrés par le parti d'El Islah et En Nahda, illustrent ce postulat, puisque ne réussissant pas à passer à eux deux la barre des 4% de voix aux législatives de 2007, comme ils ont été laminés aux locales de novembre 2007 avec à peine 3,5% des suffrages exprimés. Or, M.Younsi est loin d'avoir été convaincant jusque-là et son challenge de replacer les islamistes est à tout le moins difficile. De l'avis des observateurs avertis de la scène politique nationale, la tâche de M.Younsi s'annonce rude, très rude même. Les mêmes observateurs sont unanimes à expliquer que ce candidat n'a pas montré des qualités lui permettant de pouvoir jouer le rôle auquel sans doute il aspire, avec comme perspective de mobiliser autour de lui la société. M.Younsi est appelé aussi à relever le défi à l'intérieur même de la mouvance islamiste. Aussi, le scrutin du 9 avril sera pour Djahid Younsi une occasion de se tester dans une joute présidentielle grandeur nature. Autrement dit, Djahid Younsi mettra en balance le courant islamiste orphelin de Djaballah et du MSP. Le premier s'est délibérément mis à l'écart, quant au second, son intégration à l'Alliance présidentielle l'élimine de fait d'un champ islamiste indépendant. Aussi, la participation d'El Islah au scrutin présidentiel donnera à voir le poids qui est celui des islamistes dans l'Algérie de 2009. Il est patent que dans tous les cas de figure, l'élection présidentielle du 9 avril donnera la mesure de la représentations islamiste qui n'a cessé de perdre du terrain dans le champ politique national. C'est sans doute cet aspect, du recul de la mouvance islamiste, devenu récurrent, qui fait réfléchir ses leaders à un aggiornamento, en dépit de leurs divergences politiques. Aussi, évoque-t-on ici et là, la tenue d'un congrès réconciliateur entre les enfants du mouvement En Nahda et même d'El Islah en vue de redonner du tonus à une mouvance en perte de vitesse. M.Djaballah a indiqué récemment à L'Expression que ce congrès interviendra après l'élection présidentielle du 9 avril. C'est dans ce contexte que l'erreur n'est pas permise pour M.Younsi. M.Djaballah attend juste un faux pas de M.Younsi pour rafler la mise et reprendre le mouvement qu'il avait créé. Donc, pour Djahid Younsi, l'enjeu de cette échéance est double, s'imposer en tant que leader politique et redonner à son parti une aura aujourd'hui perdue. En allant au «charbon», M.Younsi a-t-il mesuré toutes les difficultés auxquelles il va être confronté? Dès lors, il est évident que pour le secrétaire général du parti El Islah, le 9 avril constituera un tournant important.