A la veille de l'échéance présidentielle de 2009, d'aucuns se demandent ce qu'il va advenir des islamistes qui ont connu un net recul électoral en 2007. Quel rôle jouera la mouvance islamiste lors de l'élection présidentielle de 2009? Les partis islamiques auront-ils leur mot à dire lors de cette échéance ou bien se suffiront-ils de strapontins? Toutes les données actuelles plaident pour la deuxième hypothèse. Le voeu du leader du MSP, Bouguerra Soltani, d'unifier les rangs des islamistes, semble pour le moment utopique. Cette perspective d'union reste lointaine du fait même des choix stratégiques des trois partis islamistes dits «modérés», qui sont représentés à l'Assemblée populaire nationale et qui sont le MSP, El Islah, et En Nahda. Toutefois, depuis la mise sur la touche du truculent et charismatique Saâd Djaballah Abdallah, éjecté avec pertes et fracas successivement d'En Nahda et d'El Islah, les «têtes politiques» islamistes se font plutôt rares. De fait, M.Djaballah qui participa aux présidentielles de 1999 et 2004, écarte une autre candidature pour 2009, la sienne, nonobstant le fait que, légalement, l'ancien dirigeant d'El Islah ne peut s'y présenter. Aussi, MM.Soltani, Rebaïne et Boulahia, respectivement patrons du MSP, d'En Nahda et d'El Islah, qui occupent le terrain de l'islam politique, ne semblent pas avoir la stature d'homme d'Etat qui les qualifierait à la prochaine joute présidentielle. Quant à l'hypothèse de voir les islamistes présenter un seul candidat à l'échéance de 2009, elle n'est simplement pas à l'ordre du jour. Depuis les «redressements» intervenus dans les rangs d'Aïn Nahda et d'El Islah, avec pour retombée l'éviction de leur fondateur, Abdallah Djaballah, ces deux partis islamistes sont, électoralement parlant, rentrés dans les rangs. Le cas Soltani se présente autrement. En fait, en adhérant à «l'Alliance» présidentielle, le MSP a fait un choix stratégique et circonstancié qui lui permet, par l'entrisme, de se placer et placer ses hommes au sein des principaux postes de pouvoir, aussi subalternes soient-ils. Pour le parti du défunt Mahfoud Nahnah, l'accession au pouvoir reste une perspective à long terme. Par ailleurs, à l'instar de Ahmed Ouyahia (secrétaire général du RND) et Abdelaziz Belkhadem (secrétaire général du FLN), M.Bouguerra Soltani n'envisage pas de se présenter contre le président sortant, dans le cas où celui-ci décidait de se présenter pour un troisième mandat. Le champ politique s'est donc rétréci de plus en plus pour la mouvance islamiste qui n'a plus, c'est le moins que de le constater, la verve qui était la sienne dans les années 90, au moment où son électorat grossissait d'une année à l'autre. C'est ce que confirment les résultats enregistrés par les formations islamistes lors des élections de 2007 (législatives et locales). C'est encore plus vrai pour En Nahda et El Islah qui ont été tout simplement laminées lors des scrutins du 17 mai et du 29 novembre 2007. A elles deux, ces formations politiques totalisaient à peine 3% des suffrages exprimés. La lutte de leadership freine, par ailleurs, l'unification des rangs. Des cadres de ces formations estiment que l'idée d'unifier les rangs des partis islamistes en Algérie est mort-née. Mais si la mouvance islamiste a perdu aujourd'hui de sa puissance, par rapport à ce qu'elle était il y a dix ans, il n'en demeure pas moins qu'elle reste pugnace et ne perd pas l'espoir de parvenir à ses fins. Le désenchantement politique, la modernisation chaotique qui n'a pas tenu ses promesses sont quelques-uns des éléments favorables au terreau islamiste. Et c'est exactement ce qui se passe actuellement en Algérie. Pour ainsi dire, l'islamisme se nourrit du... vide. La prochaine présidentielle leur permettra surtout de mesurer leur audience dans l'attente de jours meilleurs.