Ils n'ont pu dégager un candidat pour les représenter à l'élection d'avril 2009. Il faut sans aucun doute s'attendre à de sérieuses empoignades et à de chauds débats après le rendez-vous de la présidentielle au sein des partis islamistes. Les directions actuelles des principales formations El Islah et En Nahda, n'ont pu se mettre d'accord sur une candidature unique pour défendre leurs couleurs. Cela aurait pu être considéré comme une péripétie dans le parcours des partis islamistes. Seulement voilà: la politique de la chaise vide ne fait pas partie de leur stratégie. Et c'est en ce sens que la non-participation à l'élection présidentielle de la mouvance islamiste conservatrice doit être considérée comme un événement important sur la scène politique algérienne. Et si l'on se réfère aux élections du début des années 1990, l'on ne peut que faire le constat de son recul incontestable. L'élection présidentielle de 1995, qui avait vu la victoire de Liamine Zeroual, avait pourtant laissé croire un certain moment à une renaissance mais surtout à un retour remarqué des islamistes. Emmenée par feu Mahfoud Nahnah, elle s'est hissée sur la seconde marche du podium en réalisant un score qui tournait autour des 20%. Une performance qui est quelque peu aujourd'hui occultée mais qui aura marqué les annales de l'élection présidentielle depuis l'avènement du multipartisme. Dès lors, le témoin semblait avoir été repris par les partis d'El Islah et d'En Nahda. Abdallah Saâd Djaballah, tour à tour président de ces deux formations, a en effet donné de sérieux espoirs à ses nombreux supporters et partisans. Il faut effectivement prendre en compte la remarquable performance qu'il avait réalisée lors des élections législatives de 2002 en arrachant pas moins de 43 sièges. Du coup, son parti de l'époque, El Islah, s'est imposé comme troisième force politique du pays. La mouvance islamiste venait de renaître de ses cendres, portée par ce jeune loup qui a su se frayer une place au sein du gotha politique algérien. Qui pouvait l'arrêter dans cette ascension? Ses performances devaient en appeler d'autres. Mais c'était sans compter les mouvements de redressement qui ont secoué les deux formations politiques dont il fut le leader, apparemment contesté. Les nouveaux dirigeants d'El Islah et d'En Nahda mesurent sans aucun doute, aujourd'hui, combien cette éviction forcée du zaïm a coûté à leurs partis respectifs. Ils sont sortis laminés des dernières élections locales de novembre 2007 en totalisant à peine 3,5% des suffrages exprimés. On pensait cependant que le miracle allait avoir lieu. Certains indices indiquaient en effet qu'une tentative de réconciliation avait eu lieu entre les différents protagonistes. Le 25 décembre de l'année dernière, le secrétaire général d'El Islah, Djahid Younsi, avait annoncé sur les ondes de la Chaîne II que En Nahda et El Islah étaient sur le point d'annoncer une candidature unique pour l'élection d'avril 2009. Tous les observateurs de la scène politique nationale ont retenu leur souffle. A travers cette annonce se profilait le nom de Saâd Abdallah Djaballah. La campagne électorale allait-elle prendre une autre dimension? Le tonus, qu'aurait pu apporter ce tribun hors pair à ce scrutin majeur, est incontestable. L'espoir des islamistes n'aura vécu que le temps d'une interview accordée par le zaïm islamiste au journal londonien El Hayat à capitaux saoudiens. Les regards se sont focalisés sur Mohamed Saïd. L'ex-lieutenant de Ahmed Taleb Ibrahimi vient de remettre les pendules à l'heure. Il n'est pas le candidat de la mouvance islamiste, a-t-il tenu à préciser. A moins que Djahid Younsi ne se décide d'aller au charbon pour sauver les meubles.