Les services de sécurité ont saisi 1,2 tonne de cannabis en 1993. En 2008, les saisies sont estimées à 38 tonnes et près d'un million de comprimés psychotropes. Au vu de l'ampleur de la consommation de la drogue, la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) a tiré hier, encore une fois, la sonnette d'alarme au Forum d'El-Moudjahid. «L'Algérie est passée de statut de pays de transit à celui de pays consommateur», c'est ce qu'a déclaré Mustapha Khiati, le responsable de cette fondation. Il assure que «la consommation de la drogue a grimpé ces dernières années, surtout avec un marché du travail très réduit engendrant ainsi trop de temps vide». Selon l'intervenant, le phénomène de déperdition scolaire qui touche quelque 500.000 enfants en est la cause principale. Les services de sécurité ont saisi 1,2 tonne de cannabis en 1993. Mais en 2008, ils ont saisi 38 tonnes de cannabis et près d'un million de comprimés psychotropes. Le professeur déplore le passage à la consommation des drogues dures. «716,418 grammes de cocaïne, 67 grammes de crack, 109,57 grammes d'héroïne ainsi que 15,0223 kg de pavot à opium et 77.612 plants d'opium ont été saisis l'année dernière», a-t-il affirmé. Aujourd'hui, le taux de drogue consommée est estimé à 35%, soit le tiers de la quantité qui transite par le territoire national. Une étude réalisée par la Forem, en 1994, dans 3 lycées d'Alger, démontre que 7,44% des sujets admettaient avoir consommé de la drogue et 12% d'entre eux avaient de mauvaises fréquentations. En 2002, une deuxième enquête confirme que 58% reconnaissent qu'au moins une personne de leur entourage consomme de la drogue et 34% reconnaissent en consommer elles-mêmes. Et en 2005, les statistiques d'une autre enquête démontrent que, dans la capitale, 25% des jeunes sont consommateurs de drogue, dont 5% de filles, 20,5% à Aïn Defla, dont 2% de filles, 5% à Ouargla et 7% à Tamanrasset. Pour les populations étrangères, la consommation est de 13%, dont plus du tiers concerne des sujets féminins. La dernière enquête de la Forem effectuée en 2006 sur 4080 adultes (60% d'hommes et 40% de femmes), a prouvé que 37,9% des sujets sont consommateurs de drogue, 12% le faisaient au moins une fois par semaine et 34% avouaient n'avoir aucune information sur le sujet. Afin de prouver le danger réel de la drogue, le professeur Khiati dira que fumer un joint équivaut à 15 cigarettes. Ainsi, les consommateurs de drogue «deviennent des réservoirs de virus tels que le HIV avec 10% des cas, l'hépatite B avec 30% et l'hépatite C avec 70% des cas». Selon l'enquête menée par son organisation, les préadolescents âgés de 10 ans optent pour le tabac, les adolescents âgés entre 14 et 18 ans, pour l'alcool et le cannabis et les jeunes de 19-25 ans pour la drogue festive et les adultes pour les opiacés. «Les consommateurs précoces (10-13 ans), risquent la dépendance mais aussi une polytoxicomanie avec le temps». En guise de conclusion, M.Khiati affirmera que «rien ne remplace la prévention». Si pour les parents d'élèves, le phénomène de la drogue n'est pas une réalité, les associations spécialisées dans ce domaine, notamment la Fondation pour la recherche médicale, la consommation de stupéfiants est un fléau qui s'est installé en Algérie ces dernières années, particulièrement en milieu scolaire. Il faudrait, si l'on veut protéger nos enfants, l'éradiquer le plus tôt possible. Mais pour ce faire, il est important, voire inéluctable, de situer la responsabilité des uns et des autres.