Le hasard a fait qu'il sorte le 8 mars dernier. Une pure coïncidence qui a bien fait les choses. Il était prévisible qu'un jour, le journaliste Saïd Seddik-Khodja allait écrire un livre. A Tizi Ouzou, où il est correspondant de presse depuis des années déjà, le lecteur se surprenait toujours de découvrir des articles très longs et dont l'armature était plutôt romancée. Pourtant, sa mission en tant que correspondant devait se limiter à livrer l'information brute, avec détails et concision. Mais Seddik-Khodja était sans doute destiné à un autre genre. Toutefois, il fallait d'abord attendre le moment opportun. A la lecture de ses articles, des amis l'ont conseillé d'écrire un livre. Un conseil qui n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Mais pour écrire un livre, plusieurs conditions doivent être réunies, à commencer par la passion et la patience. Le temps aussi. Seddik-Khodja décide alors de s'éclipser momentanément de la presse afin de faire mûrir l'idée et de passer à l'action. Quelques voyages en France lui permettent de souffler un peu et de prendre du recul. C'est ainsi qu'il parvient, au bout de quelques mois, à peaufiner ses deux longues nouvelles. Seddik-Khodja a, sans doute, préféré aller doucement et ne pas s'adonner directement au roman. Acquérir d'abord une petite expérience puis aller de l'avant. L'auteur, une fois son ouvrage écrit, relu et corrigé de telle sorte qu'il puisse être présenté à un éditeur sérieux, n'a pas eu du mal à se faire publier. Les éditions El Amel de Tizi Ouzou, après l'aval de la commission de lecture, décide de le publier. Le livre est intitulé Deux femmes, deux destins. Le hasard a fait qu'il sorte le 8 mars dernier. Une pure coïncidence qui a bien fait les choses. Lounès, dernier rescapé d'une famille décimée par la vendetta, se retrouve avec Mériem, la femme de son défunt frère, Rhalia la vierge et la petite orpheline Zina. Rhalia est promise en mariage à Azouz. Une succession d'événements chaotiques et funestes, presque gouvernés par une immense main malicieuse fait tomber sur le pauvre Lounès, malheur sur malheur. Rhalia est répudiée, Lounès se ruine, se reprend dans le commerce, fait faillite une deuxième fois et va en prison. Quand il est libéré, il assassine Rhalia pour l'honneur car il l'a trouvée enceinte d'un inconnu. C'est la trame de la première nouvelle. Quant à la deuxième histoire, intitulée La Croqueuse de bijoux, elle est celle de Taous qui a le malheur d'aimer les bijoux et d'être un brin narcissique. Elle rate son mariage avec Lounis, parce qu'elle s'occupait plus de son apparence que du vieil homme. Elle se remarie avec l'ami de son ex-mari sur proposition de celui-ci, car cela lui permet de la reprendre et de contourner ainsi la loi coutumière. Après plusieurs pérégrinations, la femme finit seule «face à ses beaux yeux». L'auteur résume ainsi les deux histoires: «Un seul destin finalement pour ces deux femmes, celui de subir; un seul destin pour ces hommes rudes, celui de perpétuer à l'infini l'ordre inique où la femme n'est qu'une consommation salace, sans aucun lien sentimental. Une société pénible, injuste, misérable, où il est plus permis de haïr, de tuer, que d'aimer.» La postface du livre est signée par un écrivain aîné, Larbi Merakeb, auteur de La promenade du destin et La Curée des égarés. Larbi Merakeb écrit au sujet de Saïd Seddik. Khodja: «Lire cette stance dans un style artistique est bien celui d'un prochain écrivain illustre.» Saïd Seddik. Khodja est originaire de Larbaâ Nath Irathen où il vit aujourd'hui. Il prépare déjà un prochain livre qui s'intitulera La Petite indigène.