Nous l'avons rencontré à l'ambassade d'Algérie à Ouagadougou, où nous avons été généreusement accueillis, l'occasion de poursuivre le palabre sur le cinéma africain... L'Expression:Pourriez-vous d'abord vous présenter Jacques Behanzin: Je suis Jacques Behanzin, cinéaste-réalisateur béninois, ancien secrétaire général de la Fédération panafricaine des cinéastes, actuellement président pour l'Afrique du Réseau international pour la diversité culturelle (RIDC-Afrique). Un mot sur le palmarès et la distinction de l'Algérie à la 21e édition du Fespaco L'Algérie a toujours été une ambassadrice honorable pour le cinéma africain. Pour preuve, son palmarès élogieux lors de la 21e édition du Fespaco 2009. La Maison Jaune de Amor Hakkar et Mascarades de Lyès Salem ont suscité beaucoup d'émotions chez les festivaliers et ont été à juste titre récompensés. J'ai aussi aimé les oeuvres C'est dimanche, Sektou, Walaou Filsin et aZ'hr. Le regard est maintenant tourné vers la 22e édition et inchallah l'Algérie nous fera toujours honneur. Pourriez-vous nous présenter la Fédération des cinéastes africains dont vous êtes membre je crois, son rôle, ses objectifs et prérogatives...et surtout ses liens avec l'Algérie? La Fédération panafricaine des cinéastes(Fepaci) est née de la volonté des premiers cinéastes africains, qui, réunis à Alger en 1969, lors du Premier festival panafricain des arts et de la culture, ont décidé de se regrouper en une union pour le développement de leurs professions. C'est ainsi qu'ils ont créé l'Union panafricaine des cinéastes(Upaci), au cours du festival. Ils sont venus de trois pays: Algérie, Tunisie et Sénégal. Le président Mohamed Miled de la Tunisie et le secrétaire général, Samb Ababacar du Sénégal. En 1970, ils ont rebaptisé leur Union qui est devenue Fédération panafricaine des cinéastes(Fepaci) ayant son siège à Dakar. En référence à son audience et suite à sa demande, la Fepaci a été officiellement établie en devenant Membre observateur de l'Organisation de l'Unité africaine(OUA), au cours du conseil des ministres de l'OUA à Addis-Abéba en Mai 1970. La mission de la Fepaci est de promouvoir le développement de l'audiovisuel et du cinéma sur tout le continent africain. La Fepaci aux côtés de l'OUA a contribué à la libération politique de l'Afrique par des films de sensibilisation et de mobilisation. Elle était la tribune appropriée de l'OUA. C'est à partir de son Manifeste adopté à Alger en 1975 que l'OUA a adopté la Charte culturelle de l'Afrique et l'article 22 de cette charte stipulait la démonopolisation des écrans grands et petits de l'Afrique. La Fepaci a connu de 1975 à 1985 une léthargie préjudiciable au développement de l'audiovisuel en Afrique. La conséquence est l'occupation de nos écrans aujourd'hui par des produits exogènes dénués de tout enrichissement culturel pour les peuples africains. En 1985, à Ouagadougou la Fepaci a connu sa renaissance marquée par un nouveau départ: l secrétariat général installé à Ouagadougou et 5 secrétariats régionaux conformément au découpage juridique et politique de l'Afrique par l'OUA. Mais la volonté politique sans les moyens est dommageable. La Fepaci ne bénéficie pas des cotisations de ses membres et a été récupérée par des bailleurs de fonds qui lui dictaient leur politique. Une nouvelle léthargie d'orientation idéologique jusqu'en 2001, date à laquelle j'ai été élu secrétaire général. J'ai décidé de rendre la Fepaci à l'Afrique et à l'OUA/UA. Cette satellisation a eu pour fruit, l'adoption par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine de la Décision EX/CL/Dec. 69(III) de l'UA relative à la création d'une Commission africaine de l'audiovisuel et d'un Fonds de promotion de l'industrie du cinéma et des programmes de télévision en Afrique. La Décision EX/CL/Dec. 69(III) est aujourd'hui le cadre idéal de régulation, de règlementation et de coopération cinématographiques et audiovisuelles africaines. Il reste à souhaiter que les nouveaux dirigeants de la Fepaci en place depuis le congrès de Centurion-Lake en Afrique du Sud,en avril 2006 aient la force nécessaire de contribuer à sa mise en oeuvre pour le grand bonheur des peuples africains assoiffés de leurs propres images. Seriez-vous partie prenante du prochain Festival panafricain qui se tiendra en Algérie du 04 au 20 juillet? Peut-on connaître concrètement comment va se traduire votre apport à cette grande manifestation? Je souhaite être invité au prochain Festival panafricain d'Alger pour la poursuite de la mise en oeuvre de la Décision EX/CL/Dec. 69(III) de l'Union africaine et du Plan d'action de Nairobi sur le développement des industries culturelles en Afrique. Un mot sur l'association de la diversité culturelle dont vous êtes le président? Le Réseau international pour la diversité culturelle(Ridc) a été créé par les femmes et les hommes de la culture, mobilisés pour la défense de la culture en tant que moteur de tout développement durable. Ce réseau aux côtés d'autres organisations de la société civile culturelle a participé à l'élaboration, à l'adoption et à la ratification de la Convention de l'Unesco d'Octobre 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Aujourd'hui, une campagne pour la ratification massive de cette convention est en cours conjointement avec un lobbying pour sa mise en oeuvre, surtout en Afrique, pour assainir l'environnement économique, fiscal et juridique de la culture et pour qu'elle soit dans les priorités de développement au même titre que l'économie, la démocratie et autres... D'autres projets en perspective après le Festival panafricain? Après le Panafest, la lutte continue sur le plan professionnel et politique de la culture.