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«Dis-leur que je vais bien...»
LES MALADES HOSPITALISES ET LE TELEPHONE PORTABLE
Publié dans L'Expression le 16 - 03 - 2009

«C'est au moment où j'allais sombrer dans le désespoir de ma maladie, au moment où je sentais que la faculté d'être heureux est détruite en moi, que cet objet est venu me rendre le goût de vivre, même si...»
Il ne fait pas froid mais Samia grelotte. Quand l'infirmier de garde éteint la lumière, les ténèbres engloutissent la clarté de sa chambre d'hôpital. Un tressaillement envahit le corps frêle de cette adolescente qui se bat depuis une année contre un foudroyant cancer. «Oui, maman je vais bien», dit-elle à sa mère à partir d'un téléphone portable qui reste sa seule attache avec le monde extérieur depuis qu'elle a été hospitalisée dans un centre de lutte contre le cancer à Alger. «Je suis venue de Mascara pour me soigner, ma famille n'a pas pu se déplacer avec moi, alors ce téléphone est notre seul lien.» C'est avec sa voix à peine audible que Samia a décrit l'objet qu'elle ne quitte plus depuis des mois. «Au chevet» de la majorité des malades, le portable a fait son apparition dans les hôpitaux au même moment que dans la société. Près d'un Algérien sur deux en a un dans sa poche. Réservé autrefois aux riches et au milieu professionnel aisé, le téléphone portable s'est banalisé et fait désormais partie des moeurs locales. Les points de vente fourmillent, les offres se démultiplient, le marché est en pleine croissance en dépit de la crise mondiale.
L'Algérie compte près de 22 millions d'utilisateurs de téléphones portables, occupant ainsi la 1re place au Maghreb devant le Maroc et la Tunisie. Selon un classement établi par l'Union internationale de télécommunications (UTI) l'Algérie est devancée par l'Afrique du Sud qui totalise 42,3 millions d'utilisateurs suivie du Nigeria avec 40,4 millions alors que l'Egypte vient en troisième place avec 30 millions. Ces moyens technologiques tant prisés en Algérie raccourcissent les distances, évitent des déplacements, rendent des services, mais adoucissent également la détresse des malades souffrant au sein des hôpitaux. «Je n'aime pas rester assise et me morfondre sur ma situation, ça serait baisser les bras (...) alors je suis en permanence en contact avec mes amies et collègues de travail et mon téléphone n'arrête plus de sonner», dira Radja, cette jeune Algéroise âgée de 26 ans, hospitalisée pour une maladie du foie. Coquette, Radja ne se laisse point aller au désarroi et respire la joie de vivre comme elle le dit si bien. Et son téléphone est pour elle la meilleure façon de le faire. «Je suis fiancée depuis trois mois, et mon fiancé est au courant de ma maladie (...) ça nous a rendu plus forts et rapprochés plus qu'avant, alors on ne se lâche plus et mon téléphone ne se raccroche plus, au point que parfois on n'arrive pas à me joindre», ajoute-t-elle comme pour exprimer avec force sa soif de vivre.
Ils sont des milliers à se déplacer chaque mois d'une ville à l'autre pour se soigner. Loin de leurs familles et de leurs amis (es), ces malades connaissent les moments troubles de solitude dans cet univers médicalisé, où l'on côtoie la mort à chaque bout de couloir. C'est le portable qui rend des services énormes dans ces conditions. «C'est au moment où j'allais sombrer dans le désespoir de ma maladie, au moment où je sentais que la faculté d'être heureux est détruite en moi que cet objet est venu me rendre le goût de vivre, même si...» affirme sobrement, Hakim, atteint d'une tumeur à un stade avancé.
Qu'elle est douloureuse cette journée de mars devant le Cpmc de l'hôpital Mustapha-Bacha pour H.Abdelkader, ce père de famille qui venait de confirmer que son garçon unique âgé de 9 ans est atteint d'un cancer! «Le médecin m'a dit qu'il doit passer des mois à l'hôpital car il lui faut des soins intensifs», se résigne-t-il avant de penser aux déplacements incessants qu'il doit effectuer avec sa femme et ses cinq filles. «Il va falloir lui acheter un portable pour lui parler à chaque moment, pour qu'il ne se sente pas seul», dit-il dans une sorte de résignation face à la maladie. Dans ce contexte, les offres que lancent les opérateurs de la téléphonie mobile sont une bouée de sauvetage aussi bien pour les familles que pour les malades.
Et celle que vient de lancer Wataniya Telecom Algérie (Nedjma), baptisée «Free», tombe justement à pic pour ce genre de situations.
Près de 250.000 cas de cancer sont enregistrés actuellement en Algérie, regroupant ceux qui sont en rémission, ceux qui sont en phase terminale de la maladie et ceux qui sont encore sous traitement, alors que 30.000 nouveaux cas sont enregistrés chaque année.
Indispensable, nécessaire, et primordial, le téléphone l'est pour cette frange de malades. S'en passer est, pour eux ainsi que leurs familles, synonyme d'une petite mort.
Selma, une mère de famille de 43 ans, hospitalisée pour une lourde opération chirurgicale au coeur, affirme: «C'est un moyen de garder un lien privilégié avec mon mari et ne rien négliger. Bien plus, c'est aussi un moyen de garder un oeil sur les enfants, de leur parler, parfois les gronder lorsqu'ils font des bêtises, ou simplement entendre leurs voix lorsque leur absence devient insupportable», soucieuse de garder sa famille unie malgré son état de santé.
A propos d'enfants justement, ces petits êtres délicats et fragiles, qui n'ont pas été épargnés par la maladie, voient en cet appareil, un nouveau gadget pour égayer leur séjour à l'hôpital.
«Je ne pouvais pas m'en passer (...) j'ai jeté mes autres jeux, car ils m'ennuyaient» confie innocemment Maya, une adolescente de 13 ans, rencontrée à la sortie du service de chirurgie infantile d'un hôpital de la capitale. Maya occupait alors son temps, en s'adonnant à des jeux et en écoutant de la musique que ses frères lui téléchargeaient sur le site Internet de son opérateur préféré, à savoir Nedjma. «C'était tous les deux jours le même rituel, je lui téléchargeais un nouveau jeu et de la musique pour qu'elle ne s'ennuie pas en attendant la sortie» rappelle son frère aîné.
«En plus, elle a de la chance parce que c'est l'anniversaire de Zhoo, alors tout est gratuit pendant un mois», a-t-il ajouté.
Son autre frère, Walid, a indiqué: «Pour nous, c'était rassurant de l'avoir, ma mère et mon père l'appellent tout le temps quand ils n'étaient pas avec elle, et nous aussi, même si les médecins n'aimaient pas beaucoup ça».
«Parfois ils lui disaient de l'éteindre, ou demandaient à mes parents de ne pas le lui laisser, mais elle le gardait toujours», a-t-il ajouté d'un air amusé.
Loin de ce monde hospitalier, dans un autre univers, moins candide, et plus mature, le téléphone portable est parfois associé à la réconciliation.
En effet, apprendre qu'une personne chère a eu un accident, est un drame. Mais lorsque le contact avec cette personne a été rompu depuis longtemps, c'est encore plus bouleversant. Le téléphone portable étant toujours à portée de main, il constitue dans ces cas le meilleur médiateur. C'est ce que pense Hadj Brahim, un sexagénaire rencontré dans un service de cardiologie d'un hôpital de l'Algérois. Tenant à peine debout, aidé de sa canne et avec son fils, Hadj Brahim donne son avis sur ce qu'il qualifie de «machine» en indiquant que «c'est grâce à lui que je suis encore là, j'ai appelé mon fils aîné quand j'ai commencé à avoir mal à la poitrine».
«Et c'est grâce à lui aussi que je me suis réconcilié avec mon frère (...) on s'était embrouillés pour n'importe quoi et c'est au bout de 29 ans, après mon accident cardiaque, que nous nous sommes reparlés», avant d'ajouter «c'est moi qui ai pris la décision de l'appeler et de briser ce silence qui m'a conduit jusqu'ici».
Le témoignage de Hadj Zoubir est encore plus poignant. Ce dernier a perdu sa fille, il y a à peine deux mois, des suites d'un cancer du col de l'utérus.
Divorcé de leur mère et remarié, il ne voyait ses filles que rarement, et ce n'est qu'au stade terminal qu'il a pris connaissance de la maladie de sa fille.
Loin d'elle physiquement et géographiquement, c'est à travers son mobile qu'il a assisté sa fille durant les derniers instants de sa vie, qu'il lui a demandé pardon et qu'il a prié pour elle.
Il raconte: «J'étais à Oran et elle à Alger, j'étais dans le train, lorsqu'on m'a appelé pour me dire que son état s'était aggravé, là, je leur ai demandé de me la passer pour lui parler et nous laisser seuls (...)Je lui ai demandé pardon et prié le Seigneur pour elle.» «Je m'en veux de ne pas avoir été présent à ses cotés (...) mais je me console un peu en me disant que j'ai pu lui parler et lui demander pardon.» a-t-il ajouté avant qu'une larme ne vienne s'écraser sur l'écran de son téléphone portable.


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