RESUME : Samia est affligée. Des examens approfondis chez le gynécologue confirmèrent une stérilité secondaire qu'elle avait développée suite à sa précédente opération. À sa sortie du cabinet médical, la jeune femme s'est rendue dans un magasin pour enfants… 41eme partie Prise au dépourvu, Samia allait riposter, mais se reprend. Oui. En fait, elle n'avait perdu pas un enfant, mais peut-être des enfants. Qui sait, aurait-elle voulu d'un troisième enfant dans quelques années ? Elle se surprit à sourire d'un air distrait. “Pauvre de moi, se dit-elle, je ne sais plus ce que je fais, ni ce que je dois faire…” La vendeuse attendait toujours sa réponse. Samia lui sourit d'un air triste. - Oui, j'ai perdu un enfant… - À quel mois vous avez fait cette fausse couche ? - Heu…. Oh, j étais encore aux tout premiers mois de ma grossesse. - Alors, ce n'est pas la fin du monde madame. Vous êtes encore jeune. Vous pourrez avoir facilement un autre enfant, peut-être même plusieurs autres. Samia hoche la tête. Sa gorge s'était nouée. Elle arrivait difficilement à reprendre son souffle. Elle se lève et se met à sillonner les rayons destinés aux enfants entre deux et quatre ans. - Je peux vous aider madame ? Samia revint vers la vendeuse et lui demande de lui montrer les robes pour fillettes exposées juste derrière le comptoir. - Très bon choix madame. Vous avez une fille donc à ce que je comprends ? Samia hoche la tête. - Oui. Une adorable petite fille de trois ans. - Et vous êtes malheureuse ! - Non. Je suis plutôt bien heureuse de l'avoir. Qui sait si j'aurai d'autres enfants plus tard. La vendeuse la regarde un moment puis lance : - Estimez-vous heureuse madame d'avoir votre famille. Vous êtes marié et mère d'une petite fille. Moi, je dépasse les trente ans et jusqu'à ce jour, aucun homme ne s'est intéressé à moi. À ce rythme, je risque de rater le coche et de vivre éternellement chez mon frère et sa femme. Je vous assure que ce n'est pas le paradis. Heureuse encore que je travaille dans cette boutique. Samia se sentit soudain moins seule et moins malheureuse. Il y a des gens bien plus malheureux qu'elle sur cette terre, et elle se croyait la seule à n'avoir put atteindre son objectif. - Je vous comprends mademoiselle. Mais je suis certaine que vous finirez vous aussi par vous marier et avoir des enfants. - Je n'en fais pas une maladie madame. Mon célibat ne me dérange pas. Seulement, je n'ai plus mes parents, et vivre chez autrui n'est pas toujours gai. Si j'avais mon propre foyer, j'aurais adopté un enfant. Samia acquiesce : - Oui. Mais pour moi, l'adoption n'est pas une solution. Mon mari et ma belle-famille ne vont jamais accepter un enfant venu d'ailleurs et étranger à leur rang. Heureusement que j'ai Maya. Montrez-moi donc cette robe blanche au col marin. Elle hésite entre plusieurs robes, puis se décide à prendre la robe au col marin. - Très bon choix madame. Ces robes sont magnifiques. - Oui. Elles sont originales. Donnez-moi aussi cette poupée russe en haut de l'étagère. Maya aime les poupées et en possède toute une collection. Samia sortit du magasin les bras chargés. Elle avait l'air moins triste, mais son cœur saignait encore. Certes, Maya était un don du ciel, elle n'en disconvient pas. Mais que n'aurait-elle pas donc fait pour donner un fils à Djamel ! On était au milieu de l'après-midi. Le temps était printanier, mais elle décide de rentrer sans plus attendre à la maison. À ses oreilles résonnait encore la sentence du médecin : “Votre utérus a subi de grands dommages. Vous en avez gardé des séquelles qui ont provoqué à la longue une stérilité secondaire. Dans votre cas, c'est plutôt sans espoir.” Y. H. (À suivre)