Appelés à élire le 9 avril prochain leur président, de nombreux citoyens, du moins ceux qui portent un intérêt aux joutes électorales, pensent que le nombre de candidats est assez élevé. Vue au début comme une échéance, la campagne électorale s'approche à grands pas. Le coup d'envoi sera donné jeudi prochain. Appelés à élire le 9 avril prochain leur président, de nombreux votants, du moins ceux qui portent un intérêt aux joutes électorales, pensent que le nombre de candidats est assez élevé pour permettre une lecture lucide des programmes et faire un choix judicieux. Les programmes? Voilà ce qui intéresse le plus les simples citoyens, ceux qui paraissent perdus devant le nombre de candidats. Elections à deux, un choix judicieux «Le quantitatif n'a jamais abouti à une solution pouvant servir de remède aux maux dont souffre l'Algérie», a déclaré à L'Expression un jeune Algérois rencontré dans une bibliothèque sise à la rue Didouche Mourad, au coeur de la capitale. Pour Saïd, originaire de Béjaïa, «il n'est pas facile de suivre une campagne animée par de nombreux acteurs.» Lui, qui s'intéresse de près aux propositions des postulants, il relève toute la difficulté que l'on peut rencontrer pour choisir. Non partisan, il affirme vouloir suivre étroitement les déclarations des uns et des autres avec toutefois un doute. Notre vis-à-vis aurait préféré choisir entre deux candidats. «C'est plus facile pour une option réfléchie», insiste-t-il. Comme lui, ils sont nombreux à voir la situation sous le même angle. Les «neutres», si l'on peut les appeler ainsi, sont plus intéressés par une dualité claire et «même porteuse». Abdelkader, natif de Bab Azzoun, l'explique en d'autres termes: «Je préfère un scrutin entre deux candidats valables. Ainsi, même si l'élu n'est pas celui qu'on a choisi, on n'aura pas de regret...» Du côté des partisans, il est clair que le choix est déjà fait. Leur seul voeu est d'assister aux mêmes joutes que l'on voit dans les grandes démocraties. «Les Américains avaient plus de chance de faire un choix selon leurs convictions.» Une idée soutenue par Abdelkader. Interrogés sur cette «dualité» ou «pluralité», d'autres personnes ont précisé que la pluralité exprime toute la richesse d'un pays. Pour eux, plus il y a de candidats, plus le choix est permis. Une étudiante à l'université de Béjaïa pense que si elle devait choisir, elle opterait pour la pluralité. Dans toutes ces réactions, il y a lieu de noter l'espoir de voir enfin une élection présidentielle à deux tours. Beaucoup se montrent hésitants pour suivre une campagne harassante. Une hésitation qui peut s'estomper en cas de second tour. Une deuxième manche que beaucoup mettent en avant pour crédibiliser le scrutin. Alors faut-il plus ou moins de candidats? La réponse découle d'elle-même. A Alger, à Béjaïa ou ailleurs, les citoyens interrogés à ce sujet penchent plutôt pour une réduction du nombre de candidats. Pourquoi pas une dualité? Une élection à deux convient le plus. Selon des témoignages, elle facilite le suivi pour une option basée sur la conviction. Certains donnent l'impression d'en avoir marre de cette multitude de candidatures. En attendant un frémissement à Tizi Ouzou A quelques jours de la campagne électorale, la ville des Genêts affiche une relative désaffection pour la chose électorale. Il faut attendre peut-être le début de la campagne pour voir le frémissement électoral. La rue ne vibre pas encore au rythme de l'élection présidentielle du 9 avril prochain. Apostrophés sur l'intérêt que peut avoir cette échéance, les gens divergent sur une multitude de points. Cette divergence de vues s'explique aussi par la différence de statut social de chaque citoyen. D'un autre point de vue, la rue attend encore les arguments qui seront développés lors de la campagne électorale. «L'importance du nombre de candidats dépend de leurs qualités et de leurs capacités à régler les problèmes des Algériens», disait Arezki, enseignant à l'université de Tizi Ouzou. «Je ne pense cependant pas que le nombre puisse être un indice de démocratie. Les pays les plus en avance ne présentent que deux en finale», ajoute-t-il. Quant à Ali, commerçant, il affirme que cela ne sert à rien si les candidats se ressemblent tous. «Je préfère un candidat qui réponde à mes attentes que vingt qui n'ont pas d'utilité.» Une finale opposant deux candidats est également une idée partagée par Hamid, étudiant. «Aux USA, seuls deux candidats sont connus, en France c'est pareil» précise-t-il. Dans la rue, les jeunes sont moins intéressés par cette joute électorale. «Si je vote, je choisirais celui qui m'effacera mes dettes à l'Ansej», souligne-t-on. La majorité des personnes interrogées refusent de répondre à nos questions. Les uns ne semblent pas intéressés, les autres trouvent là une façon de manifester leur désapprobation de la gestion de leurs affaires. «Je n'attends rien ni de celle-ci (la présidentielle Ndlr) ni des autres qui auront lieu dans les années à venir», nous dit un autre jeune. «Je suis heureux de la décision d'effacer mes dettes, mais je ne sais pas si elle sera appliquée par la banque», répond Amar, un éleveur de bovins. «Ce sont les candidats qui devront susciter de l'espoir chez les gens, autrement que voulez-vous qu'ils attendent d'une élection?», s'interroge Ramdane, avocat à Tizi Ouzou. «Je ne pense pas que le nombre est important car tout dépend des lois électorales d'un pays», a-t-il ajouté. Le scrutin du 9 avril prochain s'annonce important à plus d'un titre au niveau de cette ville où le taux d'abstention a toujours battu des records. Participeront-ils ou non? Les citoyens de cette ville entretiennent le suspense jusqu'au jour de l'élection. Djahid Younsi c'est qui? Le premier à avoir été interrogé sur les deux candidats est un ancien directeur de collège à la retraite, originaire d'Ath Yenni. Il tergiverse puis nous renvoie la question: «Ce sont des chanteurs?». Un fidèle lecteur de la presse n'a pu retenir que les noms des deux principaux candidats: Abdelaziz Bouteflika et Louisa Hanoune. Ghania, licenciée en journalisme et cadre dans une entreprise publique, se renfrogne lorsqu'on lui a lancé les deux noms. Elle pense d'abord qu'ils sont des journalistes, puis des animateurs anciens de la Chaîne II. Une fois renseignée qu'il s'agit de deux candidats, elle nous interroge: «Ils appartiennent à quels partis?» Un professeur d'université, interrogé par téléphone, répond qu'il ne connaît que les noms tandis qu'un deuxième explique qu'il a entendu parler de Djahid Younsi depuis «le coup d'Etat qu'il avait fait à Djaballah» afin de le destituer de son poste de premier responsable du parti En Nahda. Il a fallu interroger un journaliste pour trouver quelqu'un qui détient des éléments sur les deux postulants: «Mohamed Saïd était le bras droit de Ahmed Taleb Ibrahimi.» Notre interlocuteur s'étonne que le candidat ne soit pas connu sous son vrai nom à connotation kabyle: Mohand Saïd! Le fait que ces deux candidats soient méconnus, a-t-il un rapport avec le manque d'intérêt par rapport à l'élection présidentielle? Tout porte à le croire. Hier, la ville était gagnée par la fièvre du football à l'occasion du match de la JSK. L 'ambiance préélectorale était absente. Jusqu'à hier, seuls les représentants du candidat Bouteflika ont contacté la presse à maintes reprises pour la couverture de leurs activités. Ce climat «morose» s'affiche aussi à Constantine. Les deux postulants à la magistrature suprême ne sont pas connus. Entre indifférence et intérêt, nombre de citoyens constantinois ont accepté de donner leur point de vue. «J'aurais pu mieux répondre à cette question si vous m'aviez parlé de Louisa Hanoune. C'est une femme d'un grand courage, une vraie combattante et connaît bien les dessous de la politique algérienne...», a indiqué une mère de famille. Un jeune diplômé en sciences juridiques de 29 ans, actif, nous accueille avec un sourire invitant au dialogue: «Vous croyez que l'avis d'un jeune pourrait compter?» Je vous réponds: «Pour être président, il faut à la limite avoir exercé de la politique et avoir au moins un minimum de responsabilité..., c'est une grande responsabilité. Ce ne sont pas ces deux candidats qui pourraient répondre à ces critères. Je ne veux pas les critiquer mais je les vois très mal à El Mouradia, surtout avec cette crise économique mondiale...» Ce n'est pas uniquement cette crise qui guette le pays, mais d'importantes questions cruciales attendent le futur chef de l'Etat.