L'Algérie est face à un événement important de son histoire: elle s'apprête à élire aujourd'hui le quatrième président de la République postpluraliste. Fini les discours de séduction! Fini les promesses électorales! Désormais, la décision est au peuple et la parole est aux urnes. Les six prétendants à El-Mouradia vivront aujourd'hui la journée la plus longue de leur vie. Chacun se trouve face à son destin à l'occasion de cette élection présidentielle. En fait, quelque 20.623.608 Algériens sont appelés à se rendre aux 47.150 bureaux de vote au niveau national pour accorder un mandat présidentiel à l'un des six candidats à cette épreuve électorale. L'Algérie est face à un événement important de son histoire: elle s'apprête à élire aujourd'hui le quatrième président de la République postpluraliste. En dépit des analyses des uns et des autres, qualifiant cette élection de «plate», le scrutin d'aujourd'hui ne représente pas pour autant une élection sans enjeux: les Algériens choisiront entre la continuité et le changement et la rupture. D'ailleurs, ce sont les slogans forts des six candidats. Abdelaziz Bouteflika, qui a de fortes chances d'être réélu pour la troisième fois consécutive, prône la continuité, alors que Louisa Hanoune, Moussa Touati, Djahid Younsi, Ali Fawzi Rebaïne et Mohamed Saïd Belaïd portent le drapeau du changement et de la rupture. Chacun des cinq se voit comme la meilleure alternative qui assurera la rupture avec le pouvoir en place. Durant la vingtaine de jours de campagne électorale, les candidats ont sorti la grosse artillerie, espérant rafler le plus grand nombre de voix. L'enjeu d'aujourd'hui est à la fois fort et simple: il consiste d'abord et avant tout à faire le bon choix en élisant l'homme qui devra faire passer l'Algérie avant tout autre considération personnelle et partisane. La tâche qui attend le futur président ne sera pas du tout aisée. Des défis d'une grande importance attendent le futur président. Bien sûr, tant sur le plan national qu'international. L'enjeu de cette élection, sur le plan national, concerne à la fois le politique, l'économique et le social. A commencer par le politique: une élection «propre, honnête et transparente» permettrait l'ancrage définitif de la pratique démocratique dans les moeurs politiques, ce qui augurerait d'une bonne voie à l'apprentissage du pluralisme politique en Algérie. Le futur locataire du palais d'El Mouradia a besoin aussi bien d'une grande légitimité que de crédibilité. C'est dans ce sens que l'Etat est appelé à assurer une élection crédible. A cet effet, l'Algérie a fait appel à des dizaines d'observateurs internationaux. L'ONU a désigné 3 observateurs, l'Union africaine 100, la Ligue arabe 84 et l'Organisation de la conférence islamique 6. Une élection transparente et crédible aidera le prochain chef de l'Etat à renforcer l'intégration de l'Algérie dans le giron des grandes nations. En ce qui concerne l'économique, l'Algérie doit être au rendez-vous avec le développement de son économie, espérant la rehausser au niveau de l'économie mondiale. Le pays a besoin d'être géré par l'homme qui saura donner l'opportunité aux investisseurs nationaux et étrangers afin de participer au développement, tout en protégeant les intérêts nationaux. Il est utile d'insister sur le fait que la réussite de cette échéance dépend entre autres de la relance effective de la machine économique nationale. Le frein à l'investissement ne pourrait être interprété que par l'absence de stabilité et de crédibilité. Sur le plan social cette élection sera une belle opportunité pour mieux mesurer la confiance entre les citoyens et les gouvernants. L'heureux élu est ainsi appelé à redonner encore l'espoir que le peuple cherche désespérément. L'épreuve commence aujourd'hui. Le défi est de réconcilier les électeurs avec l'urne. Lors de la campagne électorale, qui a pris fin lundi passé, les candidats ont axé leurs interventions avec le même souci, à savoir comment convaincre les citoyens à aller voter. Ils ont tenté d'affronter le challenge qui consiste à réconcilier d'abord et avant tout le citoyen avec l'urne. C'est le même cauchemar que le pouvoir politique appréhende dans sa globalité. D'ailleurs, l'Etat a mobilisé tous les moyens nécessaires pour vaincre l'abstention car en plus des partisans du boycott, les autorités concernées craignent le spectre de l'abstention. Il faut relever que dans la courte vie du pluralisme politique algérien, une campagne électorale a été menée de bout en bout sans réel dérapage entre candidats. Ces derniers se sont limité à des critiques politiques. Rappelons que depuis l'ouverture du champ politique, l'Algérie a organisé trois élections présidentielles. Il s'agit de celle organisée en 1995, qui a vu Liamine Zeroual élu premier président de la République postpluralité. N'ayant pas terminé son mandat, une élection anticipée a été convoquée pour 1999 et Abdelaziz Bouteflika a été élu président suite au retrait des autres candidats. En 2004, M.Bouteflika a été réélu. Ahmed Ben Bella est le premier président de l'Algérie indépendante. Ce dernier «a cédé» sa place au défunt Houari Boumediène, suite au coup d'Etat de 1965. Alors, qui sera le quatrième président de l'Algérie pluraliste? Les électeurs s'exprimeront et les urnes rendront leur verdict.