La dernière découverte remonte au début du mois quand un berger tombe sur un cadavre en décomposition avancée. Terrible est le destin que les hommes ont imposé au douar Djaouna, une paisible localité de la daïra des Issers dans la wilaya de Boumerdès. La particularité mystérieuse du douar de Djaouna relève effectivement d'un registre dramatique. Les nombreuses découvertes macabres, notamment de cadavres humains, ont fait sortir ce douar incognito de son anonymat et de sa totale discrétion. Situé à la périphérie ouest de la ville des Issers et à un jet de pierre de la caserne de l'Esgn (Ecole supérieure de la Gendarmerie nationale), cette petite dechra, faite de fermes coloniales autour desquelles sont venus se greffer de nombreuses constructions illicites et d'autres bidonvilles, n'arrête pas d'étonner par ces fréquents cadavres découverts sur le lit de l'oued Isser longeant cette localité ainsi que dans les bois de la forêt mitoyenne. La dernière découverte de ce genre remonte au début du mois quand un berger de cette localité tombe sur un cadavre méconnaissable, dans un état de décomposition avancée et réduit à un tas d'ossements, selon des témoins oculaires. Les lambeaux de vêtements retrouvés sur les lieux ont permis l'identification de la victime. Il s'agissait d'une jeune femme célibataire, 37 ans, répondant aux initiales de D. N. et habitant de l'autre côté de la ville, au village agricole dit Labid, et qui aurait disparu depuis deux mois. La découverte a été faite par Mohamed Gacem. «Le cadavre a été sans doute la proie des insectes et autres bêtes sauvages qui l'ont réduit à un tas d'ossements» indique-t-il Selon les premiers éléments de l'enquête des services de la gendarmerie, la victime était en visite chez sa soeur en ville avant sa disparition. Une semaine auparavant, le cadavre d'un autre jeune âgé de 25 ans, pendu au bout d'une corde accrochée à un arbre d'eucalyptus, a été découvert par un passant. La victime, un certain Darmouche est originaire de la ferme voisine relevant de la commune de Si Mustapha. Il y a de cela huit mois, le cadavre d'une femme violée puis tuée avant d'être balancée dans un ravin, à proximité de la mosquée du douar, a été découvert. Presque à la même période, le cadavre d'un quinquagénaire, qui se serait donné la mort a été découvert par hasard dans la forêt voisine. Si on remonte quelque trois à quatre ans en arrière, les statistiques macabres font état de la découverte d'un autre cadavre d'une femme assassinée cette fois par les terroristes, au même endroit, sous prétexte qu'elle était de mauvaises moeurs dit-on. Quoi qu'il en soit, cette localité longeant la RN12 et dont la route la traversant donne sur la RN05 est une véritable zone de non-droit. Fréquentée par les terroristes et toutes sortes de criminels voulant se débarrasser d'un cadavre ainsi que la mafia du sable puisqu'une piste traversant ce douar est empruntée quotidiennement par ces derniers. Enfin, selon l'adjoint au chef de brigade locale dont la compétence couvre une large zone constituée de trois communes qui sont Timezrit, Chabet El Ameur et les Issers «Djaouna est un nid de cadavres de par sa particularité géographique faite d'une vaste forêt très dense allant de la périphérie des Issers jusqu'à souk El Had». Il y a lieu de souligner également que cette localité est aussi un repli des activistes de l'ex-Gspc. Les sinistres Riahla, Torfi, Hachemi El Hachemi et Belaïd Ahmed dit Aâmi Slimane abattu en février dernier par les forces spéciales y ont créé en trois reprises leurs hôpital de fortune.