Contrairement à la Tunisie, la filière huile d'olive accuse un retard en amont et en aval. Inquiétante est la situation du marché de l'huile d'olive en Algérie. La production d'huile a atteint pour l'exercice 2008, 35.000 tonnes et celle de l'olive de table 80.000 tonnes. Comparée à celle de la Tunisie, la production de l'Algérie en huile d'olive ne représente qu'un tiers, bien que notre pays se positionne après l'Espagne, l'Italie, la Grèce et la Tunisie qui sont par ordre d'importance, les plus gros producteurs d'huile d'olive. En Algérie, les superficies occupées par l'olivier sont de l'ordre de 391.000 ha avec 32 millions d'oliviers. La Tunisie, qui exploite une superficie de 106 millions d'ha, produit environ 110.000 tonnes d'huile d'olive dont 30% sont exportés essentiellement en Europe. C'est ce qui ressort, en substance, de la conférence de presse organisée hier à Alger par le président du Groupe de réflexion Filaha Innove (Grfi), M.Amine Besemmane. «Contrairement à la Tunisie, la filière huile d'olive accuse un retard de développement en amont et en aval», souligne M.Bensemane. La sécheresse et les incendies de forêts dans certaines régions du pays ne sont pas les seuls responsables de ce retard. La culture de l'olivier, le savoir-faire dans ce domaine, mais aussi, les structures d'appui font défaut de façon drastique. L'absence de laboratoires spécialisés, d'unités de conditionnement, mais également la non-maîtrise du processus complet, font que notre huile ne peut rivaliser avec les productions des pays concurrents malgré sa qualité indéniable. Conséquence, l'huile algérienne est incapable de faire face à la concurrence sur le marché international dominé par les Européens dont l'exigence du respect de normes strictes ne diminue en rien la qualité intrinsèque du produit algérien. Car souvent analysée, notre huile titre un taux d'acidité des plus recherchés aujourd'hui. Du coup, l'Algérie exporte une quantité très limitée par rapport à sa production, et le plus souvent par ces mêmes gros producteurs européens qui en font un mélange, estiment les experts ayant pris part à cette rencontre. La Tunisie et le Maroc arrivent à placer sur le marché mondial, environ 30% de leurs productions nationales respectives, en dépit des problèmes de coûts de production élevés qu'ils encourent. Pour la Tunisie, l'intervention des pouvoirs publics, pour l'année 2007 a permis d'éviter in extremis une série de faillites, dont les causes viendraient de l'effondrement des coûts sur le marché mondial. Pour l'Algérie, le problème est tout autre. Malgré la qualité physico-chimique et organoleptique, le produit éprouve des difficultés à s'exporter en tant que label. L'huile algérienne s'exporte en vrac. Le produit est cédé souvent à des prix sacrifiés. Pour l'heure, le conditionnement de l'huile d'olive est encore à ses premiers pas. La prise en charge de cette filière, en termes d'organisation, d'infrastructures et de réglementation aura pour effet d'augmenter l'engouement des conditionneurs et des exportateurs qui parfois sont découragés, au bout de leurs premières démarches infructueuses. Rappelons, au final, que le ministère de l'Agriculture a récemment pris des mesures salutaires pour cette filière, mesures qui devront augmenter la production et valoriser la qualité. «Il faut donc se préparer dès à présent à organiser ce secteur», recommandent les participants à cette rencontre, notamment en créant les conditions nécessaires d'une certification de nos produits, en créant les structures d'accueil: conditions de stockage, organismes de contrôle et d'analyses, circuit interne de distribution, circuit d'exportation ainsi qu'en formant des spécialistes dans l'oléiculture et la technologie de l'huile.