Le Conseil national de l'ordre des médecins a appelé à dépénaliser l'erreur médicale. L'Algérie forme pour les autres. Selon le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), quelque 3000 médecins algériens exercent au noir en France en plus des 500 autres au Québec (Canada). Une véritable fuite des cerveaux et de capitaux. En outre, des centaines d'autres médecins exercent dans des conditions déplorables, a regretté le Dr Mostapha Gacem, vice-président du Cnom, chargé de l'information, au cours d'un point de presse animé en marge de l'installation du Cnom au siège de l'Institut national de la santé publique (Insp) à El Biar. Paradoxalement, l'orateur a dénoncé «la venue de centaines de médecins étrangers, essentiellement de France, chaque week-end pour procéder illégalement à des opérations chirurgicales dans des cliniques privées en l'Algérie, encaissant de ce fait des honoraires faramineux en devises. Nous devons mettre fin à ce business médical!». Prenant la parole, le Dr. Mohamed Barkani Bekkat, reconduit à la tête du Cnom, a dénoncé les autorisations à des médecins polonais leur permettant de pratiquer au niveau de cliniques privées, a indiqué dans ce sens: «Un pays comme la France, qui accueille près de 3000 médecins algériens, leur interdit toute possibilité d'intégrer ses structures médicales puisqu'il ne reconnaît pas leurs diplômes.» Toujours au chapitre du business, le Dr Gacem dira: «Le Cnom a convoqué un médecin-charlatan qui n'est pas inscrit chez nous, mais qui n'a pas donné suite.» Ce médecin s'est adonné à la «roquia» (le désenvoutement) et la «hidjama» (la saignée). Des pratiques inscrites dans l'ordre des troubles publiques, soulignera-t-il. Sur un autre chapitre, le Dr. Mohamed Barkani Bekkat a révélé que «depuis 2006 jusqu'à ce jour 500 plaintes liées aux erreurs médicales sont répertoriées chaque année à la suite desquelles 50 médecins ont comparu devant l'Ordre des médecins, dont certains ont été blâmés ou avertis, d'autres suspendus momentanément pendant que les autres ont été relevés de leur fonction et poursuivis en justice.» Dans cette optique, l'intervenant a appelé à «la dépénalisation des erreurs médicales» et «à ne pas engager de poursuites judiciaires à l'encontre des médecins pour non-assistance à personne en danger.» Abordant le recrutement de médecins dans le cadre du dispositif du contrat de préemploi, il a qualifié ce dispositif d'«offense à la profession et aux praticiens.» «Actuellement, l'Algérie compte près de 45.000 médecins dont 60% de femmes. Environ 10% des nouveaux diplômés, soit près de 800 médecins par an, ne trouvent pas de postes d'emploi», a souligné le même responsable. Toutes ces contraintes seront débattues lors de la 4e réunion de la Conférence permanente des ordres médicaux euro-méditerranéens (Comem), prévue pour le 11 juin prochain à Beyrouth, au Liban, sous la présidence de l'Algérie. Lors de ce rendez-vous médical auquel prendront part 11 pays européens et 7 pays arabe, seront également abordés, entre autres, la libre circulation des médecins dans l'espace Schengen, la formation médicale continue pour les pays de la rive sud-méditerranéenne et qui sera financée entièrement par la communauté européenne, la double inscription au tableau des ordres médicaux afin de débloquer la situation des médecins algériens à l'étranger. Mais l'objectif principal de cette rencontre sera de trouver les moyens de stabiliser les médecins dans leur pays d'origine.