Après avoir développé un discours modéré, Mohamed Saïd a adopté ces derniers jours, actualité oblige, un ton plutôt violent. La sortie du premier secrétaire du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, lors d'un meeting tenu jeudi dernier à Oum El Bouaghi, qui a qualifié les cinq candidats à l'élection présidentielle de «marchands de glands» n'a pas laissé de marbre le candidat indépendant, Mohamed Saïd. Lors d'un meeting animé, vendredi soir à Ghardaïa, le candidat a descendu en flammes l'ancien chef de gouvernement en l'accusant d'irresponsabilité et l'invitant à cesser de s'aventurer dans des déclarations qui discréditent ce qui reste du scrutin du 9 avril prochain. «Je regrette le fait de me rabaisser à ce niveau mais rester de marbre devant de telles allégations, équivaudra peut-être à une complicité», a-t-il soufflé. Un niveau, faut-il le dire, jugé par les observateurs de la scène politique nationale d'aussi bas que celui du niveau de la mer et qui est amené, selon Mohamed Saïd, à être repris de la même manière et avec les mêmes propos de l'époque coloniale où les Français utilisaient le mot «Gland» pour désigner et ridiculiser les Berbères. Ainsi, devant ce traitement jugé «péjoratif» à l'encontre des candidats en lice, Mohamed Saïd s'est dit très affecté par cette bassesse politique qu'ont atteint certains responsables au sommet de l'Etat. Ce n'est pas la première fois qu'il est reproché à M.Belkhadem des déclarations ou des sorties maladroites. La dernière en date a été celle de l'écrivain Yasmina Khadra qui a invité le secrétaire général du FLN à démissionner après son aveu d'impuissance devant le phénomène des harraga. Dans son réquisitoire, Mohamed Saïd n'a pas ménagé l'ex-chef de gouvernement en le qualifiant notamment de producteur d'échecs, d'illettré et de meddah. Plus encore, l'orateur est allé jusqu'à accuser le premier responsable du FLN d'avoir comploté contre l'Algérie lorsqu'il a été éloigné de la présidence de l'Assemblée populaire nationale en portant ses complaintes devant l'ambassadeur d'Iran en Algérie dans les années 1990. Il l'a accusé également d'avoir fomenté un coup d'Etat contre l'ex-secrétaire général du FLN pour prendre les rênes de ce parti. «Les gens comme celui-là sont les responsables de toutes les crises que le pays a traversées depuis l'Indépendance», a-t-il martelé à l'adresse de l'assistance. Aiguisant sa critique, l'orateur a ajouté que le premier responsable du FLN, ainsi que d'autres responsables, sont la cause du délitement des valeurs et de l'éthique politique en Algérie. Ces derniers sont, selon les termes de l'orateur, en flagrante violation des principes du jeu politique. Ce faisant, Mohamed Saïd a indiqué que si la pratique politique en Algérie était saine et si l'Etat était vraiment un Etat de droit, l'administration aurait retiré l'agrément à ce parti ainsi qu'à d'autres formations politiques. Car, de son point de vue, un parti, au sens politique du terme, doit avoir, pour son existence, un projet et des cadres dirigeants qu'il présente en cas d'élection telle la présidentielle. Ce qui n'est pas le cas chez le FLN qui a passé sa casquette à un autre candidat, a-t-il expliqué. «N'ont-ils pas d'hommes capables de les représenter», s'est-il ironiquement demandé. «S'ils persistent (dans ces attaques contre les candidats) nous persisterons (dans nos réactions)», a-t-il encore averti en invitant toutes les partis concernées à assumer leurs responsabilités devant ces faits et dénonçant au passage les affichages anarchiques, en violation de la loi, des slogans et portraits des candidats. Cela étant, le candidat Mohamed Saïd s'est dit déterminé à poursuivre son combat, même après le 9 avril prochain, pour le changement (slogan de sa campagne électorale), la liberté et la justice (composante de son parti non agréé PLJ. «Le combat sera plus dur que celui de la campagne pour la présidentielle et je ne compte guère abandonner le terrain», avait-il déclaré auparavant. Ce combat est, pour lui, l'obtention d'un agrément pour son parti et la poursuite de son parcours pour arracher le changement.