A travers ses dernières déclarations, le secrétaire général de l'instance exécutive du Front de libération nationale est loin de renvoyer une image sereine de son parti. Première force politique du pays, le FLN vit depuis près de trois ans au rythme d'un suspense insoutenable qui a entouré la révision de la Constitution et du 3e mandat du président de la République, jusqu'à son élection le 9 avril 2009. Il a apporté de manière tout à fait naturelle son soutien au candidat sortant, tandis que Abdelaziz Bouteflika a tenu à s'affranchir de toute appartenance partisane en partant à la conquête du palais d'El Mouradia pour la troisième fois consécutive en tant que candidat indépendant, et de tous les Algériens. L'événement passé, les responsables des formations politiques sont revenus à l'un de leur exercice favori: les sorties médiatiques. C'est ce que fit le 6 juin dernier Abdelaziz Belkhadem. Libéré des responsabilités imposées par la chefferie du gouvernement, probablement malgré lui, le secrétaire général du FLN doit faire face à une échéance incontournable et vitale au bon fonctionnement de son parti: la tenue du 9e congrès extraordinaire reportée à maintes reprises. Un rendez vous crucial. La fronde larvée dont fait l'objet le patron du premier parti d'Algérie, est un secret de polichinelle et à moins qu'il n'ait envie de se battre la coulpe, lui aussi ne doit point l'ignorer. En effet, lors d'une conférence de presse tenue au mois de novembre 2007 au siège du parti, Abdelaziz Belkhadem avait rendu partiellement public un communiqué de dissidents, plutôt assez révélateur du degré qu'avait atteint la crise. Les rédacteurs de ce texte exigeaient son départ de l'instance exécutive du parti et accusaient ses dirigeants de violation du statut et du règlement intérieur. Et lorsqu'on lui a fait remarquer que les contestataires voulaient sa tête, il avait eu la réplique suivante: «Ce n'est pas seulement ma tête qu'ils veulent, mais un ensemble de têtes, c'est de bonne guerre, au FLN on laisse les gens s'exprimer et faire valoir leurs opinions. C'est pour cela d'ailleurs que l'on pense qu'il y a crise.» Belkhadem aura beau être bon joueur, le malaise est bel et bien réel. Il faut en effet faire preuve de cécité pour ne pas pouvoir distinguer un débat ouvert et démocratique de ce qui s'apparente plutôt à une fronde. Huit mois nous séparent approximativement de la tenue du congrès extraordinaire du FLN. Gageons que cela ne sera pas de la tarte pour le N°1 du parti qui devra plutôt évoluer en terrain miné que sur du velours. Les choses se sont-elles arrangées depuis? A écouter et analyser les dernières déclarations du secrétaire général du parti majoritaire au sein du palais Zighoud-Youcef (Assemblée nationale), la contestation aurait plutôt la peau dure. Sa dernière sortie médiatique l'atteste à plus d'un titre. Il faut dire aussi que ni Abdelaziz Belkhadem ni le porte-parole du parti, Saïd Bouhedja, n'ont fait dans la précision. Annoncé pour le mois de mars 2008, le congrès fut reporté pour le mois d'avril de la même année. Comme ce fut d'ailleurs pour la Constitution dont la date de la révision a été maintes fois faussement fixée. «La question de la Constitution sera clarifiée au courant du mois de mars», avait déclaré Abdelaziz Ziari, le président de l'APN, sur les ondes de la Chaîne II au mois de février 2008. La suite on la connaît. De son côté, et sûr de lui, le secrétaire général de l'instance exécutive du FLN déclarait: «Puisque le MSP et le RND tiendront leurs congrès respectifs en mars, nous allons tenir le nôtre en avril.» Cependant, dès le mois d'août 2008 et à l'occasion de la tenue de l'université d'été du FLN dans la ville des Roses, à Blida, l'on avait appris que le congrès ne se tiendrait pas de sitôt. Et, déjà, des noms commençaient à circuler et à être cités pour succéder à M.Belkhadem. En réalité, le patron du FLN ne s'est jamais remis de son départ de la chefferie du gouvernement ainsi que du retour aux affaires de son successeur et rival de toujours, Ahmed Ouyahia, mais néanmoins partenaire au sein de l'Alliance présidentielle. Le départ de Belkhadem de la tête de l'Exécutif a été mal vécu par les militants du parti. Les frustrations se sont cristallisées autour de leur leader pour se transformer en mouvement de contestation plus ou moins contenu. Le semi-échec des élections locales de novembre 2007 et des élections législatives du 17 mai 2007, même s'il a consacré le FLN comme première force politique du pays, n'en a pas moins accentué la contestation. «C'est du mépris à notre égard», avaient déclaré, lors de la confection des listes, certains militants de wilayas de l'intérieur du pays convaincus d'avoir fait les frais d'un favoritisme certain. C'est peut-être à ceux qui seront animés d'un esprit revanchard durant le 9e congrès que Abdelaziz Belkhadem s'est adressé il y a à peine une semaine. «Nous sommes pacifistes, mais celui qui veut la guerre, il l'aura, et il n'est pas question de tendre l'autre joue», a déclaré lors d'une conférence de presse, qui s'est tenue au siège du parti, le secrétaire général du Front de libération nationale. Ceux qui veulent sa tête sont désormais prévenus.