Des prix que ne peuvent assumer la plupart des citoyens, au point que les scènes de clients repartant le couffin vide sont devenues récurrentes. C'est devenu une vraie spirale de laquelle les citoyens algériens n'arrivent pas à sortir. Les salaires ne suffisent plus et les prix des produits de première nécessité flambent. Depuis le début de l'année, les prix des produits de consommation courante n'ont pas cessé de flamber. Une hausse différente des précédentes puisque les prix de la viande, des poissons et des légumes, même de saison, ont atteint des records que les ménages n'arrivent pas à suivre. En sillonnant quelques marchés de la capitale, on constate que cette hausse se confirme largement. Les marchands de légumes, bouchers et autres commerçants sont pratiquement boudés. Et les quelques clients venus faire leurs courses font le tour des marchés, à l'affût de «meilleurs prix» afin d'économiser quelques précieux dinars. «C'est le deuxième marché que je fais. Je suis parti au premier et j'ai trouvé que les prix étaient excessifs, alors je suis venu ici espérant y trouver des produits à des prix moins chers, mais c'est pratiquement la même chose», a déclaré Nadia, une mère de famille venue faire ses courses aux marché de Kouba. Et Nadia a raison, la pomme de terre a retrouvé les sommets auxquels elle est habituée et les prix affichés avoisinent les 80 dinars le kilo. La courgette est cédée au même prix lorsqu'elle est bradée. La tomate aussi connaît un regain dans les enchères, et est vendue à 90 dinars le kilo. Des prix que ne peuvent assumer la plupart des citoyens, au point que les scènes de clients repartant du marché le couffin vide, sont devenues quasiment récurrentes. C'est le cas de Yacine. Ce quinquagénaire, à la tête d'une famille de six personnes, est sorti du marché comme il est rentré, c'est-à-dire bredouille. Il explique: «Nous sommes six à la maison, acheter deux kilos de pommes de terre, deux de carottes, et deux de tomates rien que pour une journée, me reviendrait presque à huit cent dinars, ajoutez à ça le pain, le lait et d'autres produits et l'on arrive à plus de mille dinars par jour (...) c'est impossible d'assumer ces dépenses journalières avec un salaire net de vingt-huit mille dinars.» Et ce client n'a pas évoqué la viande dans sa liste de courses, car dit-il, c'est un produit intouchable. «La viande, je ne préfère même pas y penser tellement les prix sont inabordables», a-t-il déclaré. Et il n'a pas tout à fait tort. Puisque les bouchers de la capitale ont eux aussi décidé de hausser les prix. 870 dinars pour la viande de mouton et 750 dinars pour le kilo de viande de boeuf et comptez le même prix pour le kilo de merguez ou de viande hachée. Interrogés sur les raisons de cette flambée «hors saison» les bouchers et volaillers se perdent en conjectures. Ils attribuent la cherté des viandes rouges à la hausse des prix dans les abattoirs, laquelle a débuté lors du mois sacré du Ramadhan et persiste encore aujourd'hui. Certains prédisent même qu'elle va persister tout l'été, en raison des nombreux mariages célébrés en cette saison. D'autres évoquent la rareté du bétail, notamment le mouton. Ce dernier serait, selon certains, réservé à des moments moins propices que ceux qu'a connus le pays cette année. En effet, avec les bonnes conditions climatiques, la bonne pluviosité de cet hiver et l'abondance du fourrage, les éleveurs refusent de vendre leur bétail pour le faire plus tard avec des prix plus conséquents, lorsque les conditions seront moins favorables. Le poisson, notamment la sardine, n'est toujours pas descendu de ses cimes et les prix avoisinent toujours les 300 dinars le kilo. Les raisons de cette hausse résident selon certain poissonniers de l'Algérois dans l'introduction de nouveaux intermédiaires dans le commerce de ces produits. Ces derniers «dépouillent» les poissonneries pour ensuite revendre les produits à des prix plus chers. Elle s'explique également par la rareté des produits en cette saison hivernale, le temps n'étant pas propice à la pêche. Une série de raisons qui semblent plus ou moins bien justifier la hausse des prix des viandes et poissons. Mais qu'en est-il des fruits et légumes? L'hiver de cette année a été caractérisé par des conditions climatiques plus que favorables à la production agricole. De plus, le pays «jouit» d'un système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) récemment mis en place pour le stockage de la pomme de terre et permettre un équilibrage des prix. En outre, il existe plusieurs directions de la concurrence et des prix (DCP), et d'autres concernent les services agricoles (DSA). Tout un arsenal d'outils pour prévenir ces fluctuations des prix, et pourtant ces derniers continuent de jouer au yoyo, mettant ainsi en évidence une grande défaillance dans la gestion de la «nourriture du peuple».