Depuis quelques années, c'est la cherté de la vie qui préoccupe les citoyens, particulièrement pendant le Ramadhan. On serait tenté d'affirmer que l'Algérie se normalise étant donné que la première préoccupation des citoyens n'est plus la sécurité mais le pouvoir d'achat. Depuis plus d'une décennie, la plus forte crainte à la veille de chaque Ramadhan n'est plus de voir les villages et villes d'Algérie ensanglantés par des attentats terroristes. Pourtant, ce mois est toujours privilégié par les terroristes, car, pensent-ils, la vigilance serait moins forte. Ce n'est pas la seule considération qui les pousse à commettre des attentats mais le fait est que les craintes des citoyens atteignaient le paroxysme en cette période. Aujourd'hui, les Algériens ont chassé la peur de leurs esprits au regard de cette tendance à ne plus citer la sécurité comme leur crainte majeure. Le plus normalement du monde, ils commencent à se tourner vers la recherche des solutions à des problèmes plus terre à terre. Il est vrai que la hausse des prix de produits de première nécessité, mais pas seulement, a atteint un niveau tel que les petites bourses n'arrivent plus à tirer leur épingle du jeu. Ces difficultés n'ont pas été un écueil pour profiter du retour au calme et de la réduction du nombre d'attentats. Cela signifie aussi un train de vie des plus classiques. Les sorties sont à nouveau permises, en solo ou en famille, et en toute quiétude. Les autorités sont si convaincues de l'absence de risques plus élevés d'attentats terroristes qu'elles n'ont pas jugé utile de mobiliser des forces sécuritaires additionnelles lors du Ramadhan. Le dispositif habituel est assez fourni pour pouvoir faire face à toute éventualité. Malgré quelques incursions terroristes dans certaines villes, la volonté de renouer avec un rythme de vie débarrassé des méandres de la peur n'a pas été ébranlée. Il n'y donc pas eu de tendance à céder à la panique et tout le monde l'a si bien démontré ces dernières années. Les habitants n'ont pas manqué de vaquer à leurs occupations sans accorder le moindre intérêt à d'autres considérations. Des routes fermées depuis des années sont rouvertes à la circulation alors que les terrasses des cafés affichent à nouveau complet dans une ambiance bon enfant. Faire ses emplettes, conduire les enfants au marché, rentrer à la maison tard dans la nuit ne sont plus des activités qui font appel à un arsenal de préparatifs, à des chapelets de précautions. La norme est devenue la sécurité. Toutefois, cette quiétude au niveau sécuritaire est loin d'être accompagnée d'une régulation au niveau commercial. L'équation est devenue simple: à l'Etat de prendre en charge les aspects liés à la tranquillité et à la société de gérer les affaires de la cité. Malheureusement, la défail-lance a été grande sur ce dernier chapitre à tel point que les revenus des travailleurs et des retraités ne suffisent plus à faire face aux dépenses sans cesse croissantes. Au Ramadhan, il devient encore plus évident que le sac à provisions de la ménagère ne peut être rempli. D'abord, il y a certains aliments qui sont prisés par les familles et dont elles ne peuvent pas se passer. Cela nécessite des dépenses incompressibles. D'un autre côté, il y a la hausse des prix des produits de première nécessité qui pénalise le pouvoir d'achat. Ce constat est valable malgré les tentatives conduites par le gouvernement pour rassurer les ménages sur la disponibilité de certains produits comme les viandes, les légumes et les fruits. Mais cela ne suffit pas car tout le monde sait que, lors des premiers jours de ce mois, il n'y a aucun moyen de tirer les prix vers le bas. La spéculation a pris un tel essor que ses artisans ne sont pas près de lâcher prise et de se sentir concernés par une quelconque menace des services de contrôle. D'ailleurs, ces derniers ne s'embarassent plus de s'assurer de l'affichage des prix tant ces derniers sont libres. A présent, même si les voies d'approvisionnement du marché sont sécurisées, c'est un autre phénomène qui vient d'être mis au jour et qui est justement celui de l'insuffisance des infrastructures du commerce, que ce soit pour le gros ou pour le commerce de proximité. Alors paix ou guerre, le citoyen devra toujours payer plus cher pour s'approvisionner.