Dix jours après le début de la campagne électorale, le candidat indépendant à l'élection présidentielle du 9 avril prochain, M.Mohamed Saïd, que nous avons accompagné dans son périple à travers les différentes wilayas du pays, a bien voulu faire le point sur cette première moitié de campagne. Sollicité dans la nuit de samedi à l'aéroport de Ouargla, le candidat s'est montré très déterminé, malgré toutes les entraves rencontrées sur le terrain, à poursuivre et son périple présidentiel et son combat pour l'agrément de son parti (Parti justice et liberté «PJL»). Ecoutons-le: Après ces dix jours de campagne, quelle est votre appréciation? D'une manière générale, je suis satisfait de ce que j'ai fait parce que je me suis engagé dans cette campagne, et vous le savez bien, sans aucune structure partisane, contrairement aux autres candidats qui sont, soit à la tête de partis agréés depuis quelque temps pour les uns, soit soutenus par des partis ou d'autres pans de la société. Ce faisant, le peu de soutien que j'ai, n'a pas d'expérience en la matière. Mais malgré ça, je peux vous assurer que ces premiers dix jours se sont plutôt bien passés. C'est vrai également, il faut le dire, que je ne dispose pas d'autant de moyens financiers que les autres, mais j'ai fait plus qu'il ne faut pour optimiser ces moyens. Quelles sont donc les leçons que vous avez tirées de ces dix jours de campagne? Comme je l'ai déjà souligné auparavant, ce périple qui m'a conduit dans une dizaine de wilayas où je m'étais mis en contact direct avec les citoyens de mon pays, m'a permis de retenir trois principales leçons. La première est ce désarroi réel de la jeunesse algérienne face à l'absence de perspectives et qui ne croit plus aux messages des politiques qui les haranguent de leurs discours peu convaincants. La deuxième leçon est que j'ai constaté de visu l'absence de la culture d'Etat de droit qui se manifeste notamment, et vous le voyez si bien qu'il devient impossible de le voiler, par l'affichage anarchique des portraits des candidats en dehors des lieux réservés à cet effet. Cet affichage, faut-il le redire, se fait au su et au vu des autorités locales et souvent avec leur bénédiction explicite. La dernière leçon que j'ai déduite de cette première étape est que cette campagne a démontré à quel point l'argent a pourri la vie politique et à quel point la population ne croit plus en celle-ci. L'ère des Berlusconi et des Hariri a déjà commencé par la monopolisation de la scène politique par des gens qui s'appuient sur des moyens financiers et non sur des projets strictement politiques. Si la situation continue ainsi, permettez-moi de le dire, il n'y aura plus d'hommes politiques mais plutôt, et c'est ce qu'on voit déjà, des hommes d'affaires versés dans la politique. La politique noble est dénaturée et les hommes politiques ayant des moyens dérisoires sont découragés. Avez-vous rencontré des difficultés sur le terrain? Sincèrement, je m'attendais aux obstacles que j'ai rencontrés sur le terrain et qui sont l'oeuvre des responsables locaux zélés et parfois aux ordres. Par contre, l'attitude de la Télévision algérienne qui m'a censuré à deux reprises est à déplorer tout comme la passivité de la Commission nationale politique de surveillance de l'élection présidentielle saisie de ce problème mais incapable de réagir. La télévision a censuré l'activité et le meeting tenus dans la wilaya de Djelfa et 48 heures après, elle a censuré un passage de cinq minutes qui portait sur ma conception de la Réconciliation nationale. L'argument invoqué face à mes protestations dans les deux cas est toujours l'argument classique: un problème technique. Or, il se trouve que quand un problème se répète deux fois contre la même personne, cet argument devient caduque et ne tient plus. Comment donc allez-vous aborder ces derniers jours de campagne? C'est avec la même détermination, la même conviction et le même objectif, à savoir contacter le maximum de citoyens pendant cette campagne électorale pour jeter les bases du futur Parti liberté et justice dont j'ai annoncé la création le 18 décembre dernier. Sur ce point, je pense avoir déjà franchi une bonne étape.