Avec l'aide des réseaux locaux de soutien, ils sont revenus à la charge. Deux terroristes armés ont été repoussés, il y a trois jours, par la Brigade mobile de la police judiciaire de la ville de Boudouaou, a-t-on appris de source informée. Les deux terroristes ont tenté une incursion dans les limites ouest de la ville aux fins, certainement, de racketter les magasins qui s'y trouvent. Mais ils ont été surpris par les éléments de la Bmpj locale. L'accrochage, qui s'en est suivi, a permis aux policiers de toucher un des deux terroristes, et qui a pu, néanmoins, s'enfuir, aidé par son comparse. L'accrochage s'est produit en début d'après-midi, «vers 15 h», nous précise-t-on, ce qui renseigne sur l'audace des groupes armés de la périphérie de Boudouaou, affiliés, vraisemblablement, au Gspc, au vu de la nature des attentats qu'ils y perpètrent. On nous précise aussi que beaucoup de propriétaires de magasins ont été soumis au diktat de l'«impôt dû aux moudjahidine» et que cette pratique a été éliminée depuis 1997-98, mais que depuis un certain temps, les groupes terroristes, avec l'aide des réseaux locaux de soutien, sont revenus à la charge. Les gens donnent généralement sous la menace, par peur des représailles dont ils connaissent, inévitablement, l'issue. Selon un responsable sécuritaire de la brigade de Boumerdès, «dans ce cas précis de Boudouaou, nous avons certainement affaire aux groupes terroristes disséminés à Keddara et Bouzegza», et qui font, lorsque les informations venant «d'en bas» sont rassurantes, des incursions épisodiques «dont le but, dans tous les cas, est de soustraire par la force et sous la menace des armes, de l'argent aux citoyens». Il ajoute: «Nous faisons face au silence des victimes. Bien sûr, nous évaluons le risque qu'elles encourent si elles s'avisent à refuser la dîme imposée, mais il y a certainement des cas précis où la connivence entre l'extorqueur et l'extorqué est dûment établie. Il s'agit de gens aisés qui donnent de l'argent, informent et abritent des terroristes chez eux. Pour nous, ils ne sont pas moins des terroristes que nous combattons aussi. Les cas de ce genre sont très rares, mais existent réellement.» En réalité, Boudouaou, tout comme les zones-crise du terrorisme néourbain, reste imprégné de cette violence propre aux régions périphériques de l'est d'Alger. Boudouaou, Thénia, Reghaïa, Ouled Moussa, Khemis el-Khechna, Haouch el-Mekhfi et Hamadi ont été, sont et seront toujours des zones-crise, et donc des viviers inépuisables de la violence. Que cette violence néourbaine prenne des habillages islamistes ou terroristes importe peu. Ce qui compte le plus, c'est cette disposition affichée et ostentatoire d'être, d'exister et de s'imposer. Le motif économique, l'indigence sociale et l'obstruction de toute perspective s'allient au motif islamiste pour «accrocher», pour convaincre et faire mouche. Les recrutements massifs, depuis 1989 par le parti dissous dans ces endroits, devraient inciter à plus de retenue dans l'appréciation des fluctuations islamistes ou terroristes. Ce qui paraît, aujourd'hui, calme, peut devenir, demain, agité, tendu ou même carrément hostile. Toutes les causes, qui ont généré cette violence, existent encore dans ces zones-crise. Le FIS a disparu, dira-t-on, or le FIS n'a représenté que le cadre légal de cette expression. Hors de ce cadre, la violence exprimée au nom de l'Islam peut encore trouver mille habillages à sa mesure, mille motifs pour se régénérer dans le terrorisme. Et l'embellie n'est pas pour demain.