Le chanteur contestataire Baâziz revient dans cet entretien sur la polémique concernant la diffusion de son dernier clip par la télévision algérienne. Sur un ton ferme, l'artiste déclare qu'« il ne soutient aucune candidature présidentielle et que son engagement n'a pas changé d'un iota ». Vous revenez au devant de la scène artistique avec un nouveau clip intitulé Bladi, qui passe actuellement à la télévision algérienne. Un clip qui s'apparente, pour certains, à une prise de position en faveur de l'élection présidentielle ? J'ai signé un contrat, il y a trois mois pour faire cette chanson Bladi avec la boîte de production SD Box et réalisée par Belkacem Djaffar. C'est un projet qui a duré une année. J'ai voulu faire cette chanson pour redonner l'espoir notamment aux jeunes algériens qui ne croient plus à rien dans notre pays. Je ne vois pas où est le crime de chanter pour l'Algérie. Je tiens à être clair. Je n'ai pas changé. Je suis resté égal à moi-même. Pour ceux qui se posent des questions, je leur dirais que je ne soutiens aucun candidat. Mon seul candidat, c'est l'Algérie. Pourquoi alors la diffusion de ce clip en pleine campagne électorale ? Je tiens à préciser que ce clip ne m'appartient plus. Je ne suis pas responsable sa diffusion. Il faudrait retourner la question au producteur et à l'ENTV. L'essentiel pour moi c'est d'avoir dit quelque chose de concret. Il faut revoir attentivement le contenu de ce clip. Mon public me reconnaîtra à travers lui. Je ne cite aucun candidat. J'ai chanté uniquement pour l'Algérie. Je n'ai pas changé de position et je ne changerai jamais. Je n'ai fait aucun compromis avec personne. On m'a demandé de chanter pour mon pays, je l'ai fait en toute transparence. Pourquoi faire tant de vacarme ? Ai-je été compromettant dans mon album ? Ai-je créé un malaise ? J'en doute fort. Bien au contraire, j'ai voulu redonner espoir au peuple algérien en abordant plusieurs thèmes dont, entre autres, le phénomène des harraga. Je pense que c'est le devoir de chaque citoyen qui se respecte. Je me considère comme un artiste. Vous n'êtes donc pas contre le passage de ce clip en ce moment à la télévision ? Non, je ne suis pas contre, d'autant que j'ai été interdit d'antenne de nombreuses années. Notre télévision reste une télévision algérienne. J'ai montré la vraie image de l'Algérie. Je ne suis ni un « lèche-bottes » ni « un khobziste ». Rappelons au passage que le clip Algérie, mon amour a reçu la même critique acerbe de la part de certaines personnes. J'ai toujours dit ce qu'il fallait dire au bon moment. J'ai affronté le pouvoir et je l'affronterai à chaque fois que le besoin s'en fera sentir. Je donnerai toujours mon avis. J'ai le courage d'affronter mon public. Ceci étant, mon public me comprend et mon clip me ressemble à 100%. Je ne peux pas être aimé par tout le monde. J'insiste que j'ai fait une chanson pour les Algériens qui ne croient plus en rien. Dommage que certains se plaisent à m'attaquer de front sans se donner la peine de comprendre la portée du texte de ma chanson. Vous demeurez un chanteur contestataire prônant entre autres la liberté d'expression dans son pays ? Je suis un Algérien pur. J'ai parlé de réalité. Je pense que j'ai eu le courage de transmettre un message qui ne ressemble à aucun autre artiste. Je dirai à mon cher public que je serai toujours le même. Bladi est une chanson engagée. C'est une chanson dans la même continuité de mon engagement. Je préfère faire et prendre des risques que de ne rien faire. Sinon des projets en perspective ? Je sortirai prochainement un nouvel album intitulé Maruti. Sinon, j'aimerai donner des concerts dans mon pays. J'ai envie qu'on me laisse m'exprimer sur scène. J'ai toujours été interdit par les petits chefs de la télévision, du théâtre et... autres. Ils ont eu peur de me laisser me produire. J'ai réussi tout de même à faire des spectacles malgré les interdictions.